Colloque international à Nice (6-8 décembre 2007) : Nouvelles dynamiques migratoires : activités régulières et irrégulières sur le marché du travail européen

La volonté affichée au cours des dix dernières années par les États de l’Union Européenne, de rendre leurs frontières de moins en moins perméables est en apparente contradiction avec les pratiques ayant cours dans certains secteurs économiques, qui visent à  exploiter au mieux les avantages d’une main-d’œuvre supposée plus flexible, plus disponible et moins coà»teuse que la main-d’œuvre nationale. Ainsi, les étrangers, globalement mis en situation d’infériorité juridique face aux nationaux et souvent confrontés à  des discriminations sur le marché du travail, se tournent fréquemment vers les segments d’emploi les plus précaires, ou bien contribuent au fonctionnement d’activités au sein desquelles se côtoient échanges officiellement régulés et pratiques informelles, voire illégales.

Sans préjuger ici que toutes ces activités doivent être considérées comme du « travail » stricto sensu, on évaluera l’hypothèse selon laquelle l’invisibilité imposée aux personnes ainsi mobilisées, que leur mise au travail relève d’embauches contractuelles ad hoc, de la sous-traitance internationale, de l’emploi non déclaré ou de l’économie illicite, repose globalement sur la fragilité même du statut d’étranger et tend à  créer de nouvelles formes de circulation internationale. Dans les sociétés européennes actuelles, la place de l’étranger ne correspond plus majoritairement à  la figure de l’ouvrier non qualifié se situant au plus bas de l’échelle sociale, mais renvoie plutôt aujourd’hui à  un ensemble de catégories plus ou moins marginalisées, tenues à  l’écart de la protection de l’État, sinon passibles de ses sanctions.

C’est cet état de fait et ses conséquences sur les mouvements migratoires que nous proposons d’interroger.