Ecole organisée par Migrinter, le Ceped et l’Urmis, à Poitiers, Hôtel Fumé, 8-13 juillet 2024.
Date limite pour déposer les candidatures : 30 novembre 2023.
La 4° École d’été « Migrations et mondialisations », co-organisée par l’Urmis, le Ceped et Migrinter, se tiendra à l’Université de Poitiers, du 8 au 13 juillet 2024. Les trois laboratoires impliqués sont reconnus dans l’étude des migrations et partenaires depuis 2016 dans l’organisation de cette manifestation dont le principal intérêt est d’être spécialement conçue pour des jeunes chercheur.e.s travaillant sur ce domaine d’étude et de permettre leur mise en réseau. Cette manifestation s’ancre au sein des interrogations communes à nos trois équipes articulées autour d’une approche globale des migrations, qui questionne autant les sociétés et les espaces de départ, de passage et de transit que d’arrivée. La caractéristique de cette école d‘été est de permettre des échanges scientifiques et méthodologiques en profondeur grâce à sa durée d’une semaine, et de s’appuyer sur un véritable dialogue interdisciplinaire et collaboratif sur les processus migratoires.
1. Cadre scientifique
La réflexion de la 4° édition 2024 portera sur les lieux et les temporalités des migrations interrogées depuis trois axes qui structurent cet appel mais peuvent être envisagés dans leur transversalité :
- Pratiques transnationales situées
- Rapports sociaux dans les temporalités et lieux de la migration
- Circulations migratoires et échelles spatio-temporelles
L’enjeu de ces trois axes est de mettre en dialogue des recherches situées présentant la diversité des objets des études doctorales dans le champ des migrations, pour construire une perspective comparative. Une attention particulière sera portée aux « nouvelles écritures scientifiques », qui permettent de valoriser les expériences de travail interdisciplinaire, à travers la production et l’utilisation de relevés architecturaux, de photographies, de vidéo, de sons qui participent à la production nouvelle de connaissances.
Axe 1 : Pratiques transnationales situées
La scène médiatique et nombre de travaux de recherche mettent en avant l’émergence de « nouveaux » espaces des migrations, tels les camps, des espaces de transit de marginalité qui se consolident, comme autant de manifestations des « effets » ou des « situations » de frontière. Cependant, si l’on se place dans une perspective historique, ces espaces sont-ils vraiment si nouveaux, simples reflets des politiques migratoires contemporaines ? Les dynamiques des routes de la migration n’ont-elles pas toujours participé de l’émergence de lieux de marges et d’interstices qui, dans le temps long, sont aussi constitutifs de l’espace transnational et pas uniquement des effets de la frontiérisation ? Comment caractériser ces lieux et leurs interactions avec les processus migratoires ? Les migrations mettent en relation différents lieux et sujets qui s’inscrivent dans des territoires spécifiques (par leur historicité et leurs représentations individuelles et collectives), tout en transcendant ces territoires, notamment par des circulations matérielles et immatérielles. Cet axe interroge la place des migrations et des pratiques transnationales dans la construction des territoires et, inversement, à partir de trois focales. En premier lieu, il s’agit d’étudier la place des « singularités » territoriales – en termes d’accueil et/ou d’installation – dans le processus migratoire ; ensuite, de s’intéresser aux pratiques transnationales individuelles et collectives, qui structurent les territoires au quotidien ; et enfin, d’observer les processus de légitimation politique, économique et symbolique des migrant.e.s dans ces territoires.
Les particularités des territoires relèvent tout d’abord de leur dynamique politique, économique, sociale et culturelle, et se construisent aussi à partir des relations entre non migrant.e.s, migrant.e.s installé.e.s ou de passage et leurs descendant.e.s. Dans les villes, quartiers, villages d’arrivée ou d’origine, qui sont connectés entre eux par-delà des États-nations, les pratiques transnationales transforment les lieux. Quelle que soit la fonction du lieu (lieu d’installation, de passage, de mémoire et/ou d’origine), cette échelle d’analyse révèle tout autant des processus d’identification, de distinction ou d’émancipation des individus et des effets en termes de développement sur les territoires à travers le temps. Par ailleurs, les modalités d’accommodation mises en place au quotidien par ces différents sujets interrogent la linéarité supposée des processus migratoires et révèlent des formes de superposition et d’enchevêtrement de formes migratoires diverses. Cette dimension pourra être questionnée à partir des conditions d’insertion ou d’exclusion (économique, juridique, résidentielle et politique) des différents groupes présents sur un territoire. La dimension environnementale de la relation des migrations avec ces territoires mérite également d’être approfondie. Cette focale pourra s’appréhender sous l’angle de l’élaboration, en constante redéfinition, des spatialités individuelles et/ou collectives, genrées, déclinant de multiples formes de rapports aux lieux, conditionnées par les dispositifs de contrôle.
Axe 2 : Rapports sociaux dans les temporalités et lieux de la migration
Les rapports sociaux seront envisagés dans le temps long des migrations et dans leur complexité. L’âge, la génération, le genre, la classe, la race, la fratrie, la descendance etc. sont redéfinis de façon imbriquée à travers le temps et l’espace migratoire. Nous interrogerons comment les rapports sociaux construisent les processus migratoires et comment ces derniers, selon les contextes, redéfinissent le fonctionnement des groupes sociaux et des lieux.
Trois questions sont au cœur de cet axe : la transmission, la spatialisation et l’intersectionnalité. La question des transmissions permet d’interroger l’évolution de ces rapports sociaux à travers le temps pour différentes catégories individuelles, familiales et collectives. Il nous importe de décliner ces questions en portant une attention particulière à la façon dont les différents lieux d’origine, de transit et d’installation participent de ce processus de construction des rapports sociaux. La perspective intersectionnelle permet de questionner la manière dont ces différentes dimensions se croisent permettant de comprendre les formes de domination et/ou de résistance mises en place par différents acteurs et dans différents espaces et temporalités des migrations.
Enfin, observer les interactions des acteurs (institutions société civile..) reflète comment les lieux peuvent aussi être étudiés comme une construction politique et de contrôle ; ils sont au cœur d’enjeux de luttes de pouvoir et de reconnaissance politique et symbolique. La présence ou absence de certains groupes migrants est à la fois contrainte par ces contextes et en redéfinit les formes.
Axe 3 : Circulations migratoires et échelles spatio-temporelles
Dans cet axe, il s’agit d’articuler les enjeux contemporains du transnationalisme étudié à différentes échelles spatiales et temporelles. La reconfiguration des espaces transnationaux et des circulations migratoires est un défi majeur de la mondialisation, d’autant plus dans le contexte actuel de frontiérisation des espaces migratoires. Trois dimensions seront ici retenues : la circulation migratoire, la transmission et les (en)jeux de l’absence/présence.
En premier lieu, nous proposons d’appréhender la circulation (migratoire), de personnes (familles), de biens, d’idées, de pratiques et de représentations comme étant au cœur de la construction des territoires et des processus migratoires. Il s’agit de décrire la diversité de ces flux, leurs interactions, et leurs effets dans le temps. Les réseaux sociaux (physiques ou virtuels) sont les vecteurs (acteurs) de ces formes de circulation qui interconnectent les lieux de l’espace de vie transnational plurilingue, renvoyant à une forme de “double présence”. Leur inscription dans le temps long passe par des enjeux mémoriels et par diverses institutions culturelles. La transmission – ou non – des formes d’appartenance – nationale, ethnique, religieuse – et des pratiques culturelles et linguistiques entre les générations est particulièrement intéressante. Par ailleurs, la migration questionne également les modalités d’organisation de l’absence/présence d’individus ou des groupes migrants. Cette focale permet d’observer comment les rapports de pouvoir reconfigurent les relations économiques, politiques, sociales, familiales et de genre à différentes échelles spatiales et temporelles. Ces évolutions peuvent se lire en interrogeant les formes de réorganisation des espaces privés (lieu de l’intimité) et publics, et notamment à travers les modalités temporelles de la présence.
2. Organisation des activités
Cette école d’été réunira 30 doctorant·e·s issu·e·s de diverses universités (Europe, Afrique, Amérique du sud) et une quinzaine de chercheur·e·s confirmé·e·s. Ce format permet un travail collaboratif rigoureux lors des ateliers et des conférences. Plusieurs modalités de travail sont proposées : conférences plénières suivies de temps de discussion, ateliers de travail en petits groupes (constitués selon les orientations des travaux des doctorant·e·s), temps de restitution, évènements hors les murs. Les enjeux théoriques et méthodologiques discutés dans les ateliers de travail s’appuient directement sur les préoccupations des doctorant·e·s selectionné.e.s. En termes d’apport de connaissances, la lecture de textes au sein des ateliers et les conférences abordant de façon transversale certains aspects de nos objets communs placent les doctorant·e·s au cœur des activités.
Les conférences : une perspective interdisciplinaire
Trois matinées de l’école d’été seront consacrées à la présentation de conférences qui permettront d’aborder la thématique de manière pluridisciplinaire. Les doctorant·e·s seront invité·e·s à préparer la discussion des conférences (présentation des conférencier·e·s et animation du débat). Les conférencier·e·s invité·e·s relèvent de différentes disciplines (sociologie, histoire, géographie, droit…) et permettent d’aborder une diversité de terrains d’étude, de situations migratoires et d’angles d’analyse.
Les ateliers de travail : méthodes et réflexivité
Les après-midis seront dédiés aux ateliers de travail en sous-groupes de dix personnes qui facilitent la bonne tenue des échanges scientifiques entre pairs et avec les chercheur·e·s expérimenté·e·s. Ces ateliers seront co-animés par deux ou trois chercheur·e·s des trois laboratoires organisateurs issus de disciplines différentes. Chaque groupe participera au cours de la semaine à tous les ateliers. Il s’agira de réfléchir aux concepts, aux cadres théoriques et aux méthodes utilisés dans les recherches sur les migrations à partir des travaux des doctorant.e.s d’une part, et des matériaux et supports scientifiques sélectionnés par les organisateurs d’autre part. Les séances prendront des formes diverses durant la semaine, faisant alterner des discussions de textes, des présentations méthodologiques donnant à voir une multiplicité de méthodes d’enquête et d’outils de représentation des données, des retours réflexifs autour du travail d’enquête, des conseils relatifs à l’écriture et à la publication de textes. Les contenus précis des ateliers seront définis ultérieurement en lien avec les propositions et préoccupations des doctorant·e·s présentées dans le dossier de candidature.
Une courte préparation en amont de la semaine collective permettra à chacun·e d’arriver avec ses propres pistes de réflexion et de présenter ses questionnements ce qui facilitera les discussions. Le nombre d’heures important consacrées à ces échanges (12h) où les doctorant·e·s travaillent successivement avec l’ensemble des organisateurs et organisatrice est prolongé par des échanges plus libres dans des temps informels. Les candidat.e.s sélectionné.e.s réaliseront au préalable un poster présentant leur recherche qui sera affiché.
Modalités de candidature
Les doctorant·e·s intéressé·e·s par l’école d’été sont invité·e·s à candidater quel que soit le niveau d’avancement de leur thèse, leur discipline, leur lieu d’inscription et leur terrain d’étude. Les dossiers de candidature seront déposés sur une plateforme lime-survey avant le 30 novembre 2023. Ils seront examinés par le comité scientifique en janvier sur la base notamment d’une présentation des enjeux théoriques et méthodologiques que le.la doctorant.e souhaiterait discuter lors des ateliers de travail en lien avec les thématiques de l’école d’été. Il n’est pas nécessaire de s’inscrire précisément dans un ou plusieurs axes. Cette sélection vise à constituer un groupe de travail cohérent sur le plan thématique, mais respectant des équilibres de pluridisciplinarité et de diversité d’approches ainsi que de représentativité internationale. L’hébergement à Poitiers sera pris en charge et un financement partiel des frais de transport pourra être envisagé, notamment pour les doctorant.e.s des Suds. Un certificat sera délivré afin de pouvoir valider cette formation auprès des écoles doctorales. La langue de travail sera le français, mais les communications en anglais seront acceptées.
3. Valorisations
La principale forme de valorisation reconnue par les participant.e.s des éditions précédentes est l’élargissement des horizons scientifiques de chacun.e dans le cadre de sa thèse. Par ailleurs, la production de posters individuels par chaque participant.e présentant librement leur thèse est un exercice formateur qui pourra être réutilisé. Ces posters nous permettront également de communiquer sur l’actualité de la recherche sur les migrations par une exposition dans un espace public de l’Université de Poitiers.
L’école d’été conduit également à créer des liens de recherche pérennes entre jeunes chercheur·e·s travaillant sur des thématiques proches, et certain.e.s maintiennent des liens après chaque édition. Nous envisageons un temps de restitution sur la dernière demi-journée, à la fin de la semaine de travail, permettant aux doctorant·e·s de présenter des pistes de travail collectif (article, communication, terrain), en lien avec les enjeux abordés lors de la semaine. Ces restitutions sont présentées à l’ensemble des participant·e·s sur la base du volontariat et peuvent conduire à des projets d’articles ou de terrains individuels ou communs. Sont évoquées par ailleurs au cours de la semaine différentes modalités de valorisation de leurs travaux individuels ou collectifs à travers notamment la présentation des revues francophones ou internationales, spécialisées sur les enjeux migratoires, auxquelles participent plusieurs membres du comité scientifique.
Comité Scientifique
- Céline Bergeon (MCF Géographe, Migrinter)
- Géraldine Bozec, (MCF Sociologue, Urmis, fellow ICM département INTEGER)
- Florence Boyer (CR Géographe, URMIS, fellow ICM département POLICY)
- Ary Gordien (URMIS)
- Mohamed Kamel Dorai (CR Géographe, Migrinter)
- Brenda Le Bigot (MCF Géographe, Migrinter, fellow ICM, département POLICY)
- Emmanuel Ma Mung (DR ém. Géographe, Migrinter fellow ICM département Global)
- Abdourahman Mangane (IR Sociologue, Urmis)
- Adelina Miranda (PR Anthropologue, Migrinter, fellow ICM, département INTEGER=
- Naïk Miret (MCF Géographe, Migrinter, fellowICM département POLICY)
- Véronique Petit (PR Démographe, Ceped, fellow ICM département Health)
- Swanie Potot (DR Sociologue URMIS, fellow ICM département POLICY)
- Aude Rabaud (MCF Sociologue, URMIS)
- Laura Schuft (MCF Sociologue, URMIS)
- Franck Temporal (MCF Sociodémographe, Ceped)
- Louise Virole (MCF Sociologue, URMIS, fellow ICM département HEALTH)
Comité d’Organisation
- Florian Bonnefoi (Doctorant géographe Migrinter, fellow Dynamics)
- Stéphanie Brunot (Doctorante sociologie Ceped,fellow Integer)
- Emmanuel Demaury (Gestionnaire Migrinter)
- Alban Fournier (IE Urmis)
- Naïk Miret (MCF Migrinter, ICM département POLICY)