3. Programme 2.3 : Ethnicisation, Racisation, processus discriminatoires

Chercheur-e-s : A. Rabaud, Y. Gastaut, M. Cognet, P. Cuturello, J.-L. Primon, C. Poiret

 Chercheures associées : V. De Rudder, M. Eberhard, M. Manier

 Doctorant-e-s : E. Adam Vesina, R. Braud, M. Duclos, C. Gabarro, J.-M. Huctin, N. Puvilland, J. Scheepers, Y. Tahata, D. Trawale

Le racisme en tant que rapport social est considéré comme l’une des formes que peuvent prendre les rapports sociaux interethniques. Les travaux ici rassemblés interrogent ses modalités pratiques, en particulier, à  travers les processus discriminatoires ou ségrégatifs. Ils portent au jour la dynamique de formation- construction, durcissement, affaiblissement, déplacement- des frontières Nous/Eux, et, au-delà , les modalités variables et multiples de l’articulation du couple différence/inégalité, qui est au cœur même de l’idéologie et des pratiques racistes.

La question des discriminations est centrale dans ce programme. Elle peut faire l’objet d’entrées multiples- modèle de traitement particulier des individus dans les domaines de l’éducation, de l’emploi, du logement ou de la santé, sentiment d’injustice ressenti par les individus… Il s’agit notamment de porter une attention spécifique aux formes de résistance quotidiennes des populations en situation minoritaire, aux stratégies des acteurs confrontés à  des processus discriminatoires : comment les interprètent-ils, s’y adaptent-ils, cherchent-ils à  y résister ? Quelles réponses sont mises en oeuvre pour dénoncer les situations discriminatoires ?

Les recherches portant sur ces questions sont centrées sur l’analyse empirique de l’expérience, du vécu et du ressenti des discriminations à  raison de l’origine- réelle ou supposée. Elles portent sur les processus de conscientisation individuelle et collective des discriminations ainsi que sur les conséquences de cette prise de conscience quant aux trajectoires individuelles et aux stratégies mises en oeuvre par les acteurs confrontés à  cette réalité.

D’autre part, certains travaux porteront sur l’articulation des rapports sociaux de domination. L’analyse des rapports de pouvoir basés sur la ” race “ et sur le sexe ont permis de mettre en lumière une certaine unicité des processus sociaux de construction-naturalisation des ” différences “. La recherche est désormais confrontée à  la nécessité de penser cette intersectionnalité des divers modes de classements sociaux inégalitaires, tout particulièrement ceux qui sont construits idéologiquement et pratiquement en termes de classe, de genre et de ” race “, sans faire l’impasse sur l’âge/la génération ni l’orientation sexuelle.

Enfin, même si le développement de travaux sur les groupes sociologiquement majoritaires est encore timide en France, certaines recherches se centreront sur les modalités de construction des ” Blancs “, des ” Français “ et sur les dynamiques de catégorisations et registres d’identification à  l’œuvre.

Ces questions seront abordées à  partir des enquêtes suivantes :

 Racisme et antiracisme : approche historique des débats publics et savants (Y. Gastaut)

 Racisme anti-arabe et racisme anti-juif en France : articulation et cumul (V. De Rudder)

 Mesure et factualisation du racisme (J-L Primon)”

 La famille comme espace d’expérience du racisme en France : questionner l’articulation race, genre, classe, génération (A. Rabaud – M. Eberhard)

 Analyser la combinaison des rapports sociaux de pouvoir à  travers les récits biographiques (Poiret)

 États de santé des femmes vieillissantes : analyser les discriminations racistes et machistes et interroger l’articulation origine, genre, classe, âge/génération (M. Cognet)

 La production de la ” blanchité “ à  travers les discours médiatiques (C. Poiret)

 Réflexion sur la complémentarité des méthodes d’enregistrement du racisme et des discriminations à  partir de l’enquête Téo en France (M. Eberhard)

 Analyse du ressenti des discriminations à  partir de l’enquête DRIS (P. Cuturello)

Thèses en cours : Trajectoires migrantes et thérapeutiques de migrantes africaines vivant avec le VIH-sida et/ou la tuberculose en France et au Canada (E. Adam Vezina) ; Construction des catégories de l’altérité en santé publique : le cas de la prise en charge médicalisée du diabète de type 2 (R. Braud) ; Les failles de la marginalisation. Le marché aux puces de la Porte Montmartre (M. Duclos) ; accès aux soins des personnes en situation irrégulière en France (C. Gabarro) ; Imbrication des rapports de pouvoir : les ” gays racisés “ en France (D. Trawale) ; L’engagement des élites minoritaires : vers une approche empirique de l’intersectionnalité (N. Pullivand) ; Construction institutionnelle de la catégorie ” français “ (Y. Tahata) ; Ethnicisation dans le monde du travail en France (J. Scheepers)