Bonjour !
Ce numéro vous parvient au lendemain d'une nouvelle audience du très long procès que fait endurer l'Etat turc à notre collègue Pinar Selek, harcelée judiciairement et politiquement depuis plus de 25 ans.
Vendredi dernier, la Cour criminelle d’Istanbul a reporté à nouveau l’examen du dossier au 28 juin prochain, face à de nombreux soutiens turcs rejoints comme en mars dernier par une imposante délégation internationale, composée d’élu.es, avocat.es, universitaires et chercheur·es, artistes, représentant.es et militant·es d’organisations de défense des droits humains, de syndicats et associations professionnelles d’avocat.es e.
L'Urmis a participé à la délégation d'observation de ce procès et renouvelle à Pinar Selek son soutien plein et entier, à l'unisson avec toutes les sociétés académiques et littéraires françaises et européennes et avec l'appui du gouvernement français.
Plein d'infos ici : https://www.urmis.fr/category/soutien-a-pinar-selek/
Dans ce numéro, vous trouverez comme d'habitude un zoom sur quelques publications du labo, des annonces diverses et variées et l'agenda de l'Urmis pour les semaines à venir.
Nous inaugurons également une nouvelle rubrique intitulée "Jeune recherche", que vous trouverez à la fin de cette lettre d'infos. Nous vous en souhaitons une bonne découverte !
Vous pouvez consulter les numéros précédents de la lettre Infos Urmis ici. |
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Voici quelques publications récentes des membres de l'Urmis... |
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Ary Gordien, "Intérêts et limites académiques ou militants de la notion de race - À propos d’Alain Policar, L’inquiétante familiarité de la race, 2020", Lectures anthropologiques , 10 | 2023, mis en ligne le 14 septembre 2023, https://www.lecturesanthropologiques.fr/1051
Résumé : Sur la base d’une synthèse de références clés traitant de la race, d’une part, et des débats épistémologiques et théoriques ainsi soulevés en lien avec cette question, cet article propose une lecture critique de l’ouvrage d’Alain Policar intitulé L’inquiétante familiarité de la race. Décolonialisme, intersectionnalité et universalisme. Bien que légitime, l’inquiétude qu’exprime le politiste quant à la popularisation d’une conception de plus en plus réifiante et essentialiste de la race ne parvient pas à rendre compte de manière tout à fait juste des enjeux académiques soulevés. L’aperçu précieux qu’il donne de différents débats et polémiques sur la race et le colonialisme tend à amalgamer la plupart des tentatives scientifiques d’étudier finement les processus de racialisation avec cette tendance qu’il identifie et critique à juste titre, de manière plutôt convaincante.
Mots-clés : race, antiracisme, décolonialisme, intersectionnalité |
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Dossier "Multiculturalisme" coordonné par Elisabeth Cunin dans le numéro anniversaire 100-101 des Cahiers des Amériques latines. https://doi.org/10.4000/cal.15200
Ce dossier est guidé par le souhait de relire, près de quarante ans plus tard, un texte fondateur des recherches sur le multiculturalisme en Amérique latine, "Vous avez dit Indien ? L’État et les critères d’indianité en Colombie et au Brésil", de Christian Gros, publié dans le numéro 1 des Cahiers des Amériques latines en 1985. Qu’a apporté cet article à notre compréhension du "tournant multiculturel" latino-américain ? Comment a-t-il alimenté les recherches, en France et en Amérique latine ? Permet-il aujourd’hui d’appréhender les transformations, les impasses, les contestations du multiculturalisme ?
Et plus généralement, un numéro spécial de débats et discussions sur la revue et sur les grandes thématiques des recherches américanistes en France https://journals.openedition.org/cal |
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Valérie Robin Azevedo et Nathalie Duclos, "Sorties de conflits, politiques de réparations et mobilisations collectives. Un regard comparé Kosovo-Pérou", Critique internationale, 2023/3 (N° 100), p. 81-91. https://doi.org/10.3917/crii.100.0081
Résumé : Cet article croise les regards d'une politiste et d'une anthropologue travaillant sur deux terrains très différents, le Kosovo et le Pérou, mais avec un questionnement commun sur une dimension structurante des sorties de conflits : la place des victimes et les processus de (re)catégorisation. Il s'agit d'interroger le bricolage local de catégories globales issues de la justice transitionnelle qui a conduit à l'élaboration de politiques publiques "réparatrices" de la guerre mais avec des situations nationales opposées, analysées par le biais des mobilisations mémorielles des anciens belligérants, débouchant sur leur stigmatisation au Pérou et sur leur héroïsation au Kosovo. Comment les collectifs d'ex-combattants se sont-ils mobilisés sur le plan mémoriel et commémoratif pour exposer et chercher à imposer dans l'espace public la reconnaissance de leurs engagements passés ? Comment ont-ils articulé ces revendications à des demandes de réparations ? Ces études de cas éclairent les enjeux des sorties de conflits en contexte d'imbrication du national et de l'international et conduisent à réfléchir aux limites des politiques transnationales et uniformisantes de gestion du post-conflit qui évacuent souvent les enjeux de pouvoir locaux au bénéfice de la catégorie de victime innocente. |
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En cette rentrée universitaire, le laboratoire a le plaisir d'accueillir de nouvelles et nouveaux doctorant·es :
- Vanina Benci, doctorante en histoire moderne, allocataire de recherche de l’école doctorale Sociétés, Humanités, Arts et Lettres, Université Côte d'Azur. Titre : "Les Durand de Sausses. Ascension sociale et mobilités d’une famille noble dans les espaces méditerranéens et atlantiques (XVIe -XIXe siècles)". Thèse sous la co-direction d'Arnaud Bartolomei (CMMC) et de Valérie Pietri (Urmis).
- Yoan Dejoie, doctorant en anthropologie, allocataire de recherche de l’école doctorale Sociétés, Humanités, Arts et Lettres, Université Côte d'Azur. Titre : "La nourriture des dieux… et des touristes. Influences d'un tourisme écologique et identitaire sur la filière cacao : étude comparative du Costa Rica, du Guatemala et de la France". Thèse sous la direction d'Elisabeth Cunin (Urmis).
- Thomas Michel, doctorant en anthropologie, allocataire de recherche à l’Université Paris Cité (école doctorale 624 « Sciences des Sociétés »). Titre : "Le rap par delà les frontières. Savoirs, pratiques et discours des artistes proche-orientaux". Thèse sous la direction de Nicolas Puig.
- Elie de Montalembert, doctorant en géographie, allocataire de recherche à l’Université Paris Cité (école doctorale 624 « Sciences des Sociétés »). Titre : "Écologie politique du changement climatique et des migrations dans le semi-aride brésilien". Thèse sous la direction de Sylvain Souchaud.
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A lire, à voir ou à écouter sur le site de l'Urmis |
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Corridors migratoires et transits transcontinentaux dans une perspective comparative – conférence – vidéo en espagnol |
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Séminaire ‘Anthropologie de la violence, de la mort et du deuil’ |
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Séminaire ‘Enseignement, recherche et création en milieu carcéral’ |
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Le procès de Pınar Selek une nouvelle fois reporté ! |
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Déclarations et vidéos de soutien à Pinar Selek à la veille d’un nouveau procès à Istanbul |
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Tribune du monde littéraire pour l’acquittement définitif de Pinar Selek |
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Pinar Selek à nouveau en danger : la répression en Turquie |
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Vous pouvez partager ou ajouter à votre agenda en un seul clic tous les évènements à l'agenda de l'Urmis... |
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DE BOIS ET DE VENT - Deux alternatives pour un transport maritime responsable

Projection-débat d'un film documentaire réalisé notamment par Denis Vidal, directeur de recherche IRD, URMIS.
Théâtre Claude Levi-Strauss - musée du quai Branly - Jacques Chirac
5 octobre 2023 - 18h. Lieu : Théâtre Claude Levi-Strauss du musée du quai Branly – Jacques Chirac
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Enseigner en prison : état des lieux et développement d’un réseau universitaire européen Enseignement/Recherche en milieu carcéral

Journée d'études, Université Paris Cité, Bâtiment Olympe de Gouges.
6 octobre 2023 - 9h - 17h. Lieu : Université Paris Cité, bâtiment Olympe de Gouges, salle 628.
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Séminaire Migrations et Altérités – Urmis Nice avec Ali Akay : Globalisation et Postcolonialité

Intervention sur le thème "Globalisation et Postcolonialité" d'Ali Akay, sociologue, professeur à l'université de Mimar Sinan, Istanbul.
6 octobre 2023 - 14h - 16h. Lieu : Maison des sciences de l’homme et de la société Sud-Est – MSHS Nice
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Circulations et environnement : les enjeux du transport maritime

Intervention de Denis Vidal (directeur de recherche émérite, URMIS, IRD, Université Paris Cité), 1ère séance du séminaire Migrations, Circulations et Altérité Urmis Paris 2023-24.
9 octobre 2023 - 14h - 16h. Lieu : Université Paris Cité, Bâtiment Olympe de Gouges, salle 126
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Amo i tte utua. Porter sa peine. La prison à Tahiti. Séminaire avec Marie Salaün

Première séance du séminaire "Enseignement, recherche et création en milieu carcéral", Université Paris Cité, avec la présentation par Marie Salaün de l'ouvrage "Porter sa peine - La prison en Polynésie française".
9 octobre 2023 - 17h - 19h. Lieu : Université Paris Cité, Bâtiment Olympe de Gouges, salle 126
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Genre, inégalités et sport : l'Urmis à la Fête de la science. Jeu et conférence grand public.

L'Urmis participe à la Fête de la science à Nice, dont le thème général cette année est le sport.
2 activités proposées avec Laura Schuft, maîtresse de conférences en sociologie et chercheuse à l'Urmis, le samedi 14 octobre à la colline du Château à Nice
14 octobre 2023 - 10h - 15h. Lieu : Colline du Château
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Xenofilia et violence des politiques migratoires aux frontières de l’Europe (Pologne et Sardaigne)

Séance du séminaire Anthropologie de la violence, de la mort et du deuil 2023-2024 avec Izabela WAGNER (Université Paris Cité – URMIS)
16 octobre 2023 - 10h30 - 13h. Lieu : Campus Saint-Germain-des-Prés, Bâtiment Jacob
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Mort, émotion et usages moraux du deuil chez les Warao du delta de l’Orénoque (Venezuela)

Séance du séminaire Anthropologie de la violence, de la mort et du deuil 2023-2024.
6 novembre 2023 - 10h45 - 12h45. Lieu : Campus Saint-Germain-des-Prés, Bâtiment Jacob
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Ciudadanías, movilidades y violencias. Los futuros inciertos en México y América central

Colloque de clôture du LMI Meso au Mexique avec un atelier sur les nouvelles formes d'écritures, autres formats de production de la recherche en sciences sociales.
8-11 novembre 2023 Lieu : xalapa
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Séminaire Migrations et Altérités – Urmis Nice avec Igor Babou - 11h-13h

Intervention d’Igor Babou (professeur en sciences de l’information et de la communication, Université Paris Cité, Ladyss) à partir de son ouvrage "L’écologie aux marges. Vivre et créer dans les ruines du capitalisme", Ed. Eterotopia, 2023. Cette séance du séminaire « Migrations et altérités » de l’Urmis Nice, a lieu exceptionnellement de 11h à 13h.
10 novembre 2023 - 11h - 13h. Lieu : Maison des sciences de l’homme et de la société Sud-Est – MSHS Nice
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(Dé)faire les « campements roms » de Marseille : Analyse des processus de catégorisation des habitant-es des bidonvilles à l’œuvre dans l’action publique

Soutenance de la thèse de Lison Merville-Boudjema, Université Côte d'Azur, Nice
10 novembre 2023 - 14h. Lieu : MSHS Nice (salle plate, amphi 031, RDC)
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Le management de la vertu. La diversité en entreprise à New York et à Paris. Séminaire Urmis Paris avec Laure Bereni.

Séance du Séminaire Urmis Paris – Migrations, Circulations et Altérités 2023-2024, avec Laure Bereni (Centre Maurice Halbwachs), qui présentera son ouvrage Le management de la vertu. La diversité en entreprise à New York et à Paris (Presses de Sciences Po, 2023).
13 novembre 2023 - 14h - 16h. Lieu : Université Paris Cité, Bâtiment Olympe de Gouges, salle 126
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6ème école doctorale du LMI Movida

“Identités administratives et rapport aux papiers en contexte de mobilités et de migrations africaines”, du 20 au 24 novembre 2023 – Université Cheikh Anta Diop, Dakar
20-24 novembre 2023 Lieu : Université Cheikh Anta Diop, Dakar
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Nous inaugurons ici une nouvelle rubrique intitulée "Jeune recherche", qui présentera chaque mois un·e doctorant·e du laboratoire. Cette rubrique montrera la diversité et l'intérêt des thèses en cours à l'Urmis, qui constituent un apport décisif dans l'ensemble des recherches menées au sein du laboratoire. Le format et la longueur seront très variables. Toute créativité est la bienvenue !
Nous vous en souhaitons une bonne découverte et remercions Maud Druais d'avoir joué le jeu ! |
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Habiter une ville en situation coloniale du Pacifique – Une anthropologie microhistorique du colonialisme de peuplement bourgeois, blanc et urbain en Nouvelle-Calédonie (1864-1894), en cotutelle et sous la direction de Marie Salaün et Natacha Gagné (Université Laval, Canada)
Ma thèse est basée sur une analyse des modes d’habiter dans le contexte de la Nouvelle-Calédonie des premières décennies de la mise en œuvre du projet de colonisation (1864-1894). Elle vise à comprendre ce que signifie 1) devenir un espace en situation coloniale urbaine 2) y devenir colon bourgeois, en étudiant l’articulation entre ces deux éléments. Il s’agira de réaliser ici une ethnographie « à l’échelle de la ville » (Hilgers 2009). Le but est de comprendre les trajectoires sociales et spatiales des familles de colons (proto)urbains et aisés, leurs mobilités, leurs interconnexions avec d’autres espaces et d’autres sociétés. Mon hypothèse centrale est ainsi que l’espace et les humain·es sont transformés mutuellement par les interactions : l’attention aux lieux (à leur fabrique et à leur transformation) permet de mieux comprendre la production des catégories sociales et raciales ainsi que celle des rapports de pouvoir au sein des mondes coloniaux.
La question que je me pose dans ce travail est : comment les colons blanc·hes, urbain·es, aisé·es habitaient-i·elles l’espace (proto)-urbain néocalédonien en situation coloniale ? Plus précisément, je me demande comment leurs expériences vécues étaient façonnées par cet espace en transition, et comment i·elles participaient dans le même temps à la production de cet espace, et ce dans un contexte insulaire particulier, très éloigné de la France (17000 kilomètres, soit plus de six mois de voyage avant l’ouverture du canal de Suez). Le projet colonial français étant basé essentiellement sur une colonisation pénale, il a généré des flux migratoires de dizaines de milliers de condamné·es, mais aussi de populations libres, de travailleur·ses engagé·es, tandis que les populations autochtones kanak étaient marginalisées dans des réserves aux confins de son espace ancestral à la fin du XIXe siècle.
Mon principal objectif est donc de produire une analyse ethnographique du groupe social étudié, à savoir la bourgeoisie civile en contexte urbain de Nouméa et en situation coloniale (Balandier 1951) entre 1864 et 1894. Le but est de faire une anthropologie totale de ce groupe à cette période. Il s’agit de comprendre in fine comment s’articulent entre elles la formation des identités, celle des expériences vécues et la fabrique des lieux en transition coloniale. Plus largement, cet exemple permettra de mieux saisir le fonctionnement du colonialisme de peuplement.
Je travaille essentiellement à partir de données archivistiques écrites et iconographiques, de données matérielles comme des objets, des demeures, des vêtements, et, dans la mesure du possible, avec des témoignages de descendant·es de ces familles de colons.
En résumé, je suis née à Suresnes, en 1988. Ma mère est issue d’une famille aisée et elle a grandi sur les hauteurs de Nice – certain·es, à Urmis-Nice, comprendront de quelles hauteurs je parle. Mon père est issu d’une famille ouvrière et athée, fortement politisée de gauche : notre mythologie familiale veut que, les anciens, « ils sont montés à Paris à la Victoire du Front Populaire en 36 ». Mon père quitte l’école un CAP en poche, travaille en usine, est syndicaliste dans sa première vie, avant de reprendre ses études en cours du soir. Mes parents se sont rencontré·es à Paris et se sont marié·es, dans une France des années 1970-80 où le brassage social était – encore ? – possible. Je le précise car les antagonismes de classe sociale dont je suis l’héritière habitent mes pensées, mon corps, et donc, ma thèse.
J’ai grandi à Avon, la commune voisine de Fontainebleau, dans le 77 (les deux villes partagent la même gare mais pas le même esprit, dit-on). Après un bac ES je suis reçue au concours de Sciences Po Bordeaux. Mon année Erasmus se déroule à Istanbul, j’y fête mes 20 ans, j’apprends vite le turc – largement oublié faute de pratiquer depuis… A Sciences Po je fais mes premières études socio-anthropologiques : sur les pratiques du soufisme à Bordeaux, sur la fréquentation des mosquées à Istanbul, sur le port du voile chez les jeunes femmes musulmanes, converties ou non, dans le contexte de l’interdiction des « signes religieux ostensibles à l’école » en France, sur les Imazighen (Berbères) au Maroc. Durant deux ans, j’interviens aussi en prison, à la maison d’arrêt de Gradignan, auprès de détenus allophones, pour les aider (un tout petit peu) à apprendre les rudiments du français.
Je suis diplômée de l’IEP en 2011, puis je travaille pour l’antenne parisienne du journal turc Zaman. Rapidement, je suis frustrée, rien ne va plus. J’écris sur plein de sujets mais jamais en creusant sur le fond ; je travaille, je prends le métro, je dors, et inversement… une antienne si connue… et c’est la dépression. Alors je pars en Amérique latine pendant une année, en Argentine, au Chili, en Bolivie, au Pérou, en Equateur, en Colombie. Quand je reviens et alors que je cherche du travail, j’en trouve en tant que professeure d’histoire-géographie dans un collège dans l’Aude à Quillan, une commune très sinistrée, désertée par les usines Formica qui l’avaient anciennement fait connaitre une période faste. Je vis cette nouvelle occupation comme une révélation et je vais exercer ce métier pendant 3 ans au gré des établissements où il faut un·e vacataire. Je passe le concours du CAPES en candidate libre et l’obtiens à ma plus grande surprise, puis je pars à Toronto au Canada et continue à y enseigner comme professeure d’histoire, d’anthropologie, un peu de droit, puis d’espagnol. Je reprends mes études d’histoire à distance car je ne me sens pas légitime d’enseigner l’histoire et la géographie alors que je n’ai pas de formation à proprement parler dans ces disciplines ; en parallèle j’enseigne le français langue étrangère en cours du soir, auprès d’un public adulte.
Comme sujet d’investigation en maîtrise, je choisis un objet sensible et personnel. Il s’agit de l’analyse de la trajectoire de vie de mon arrière-arrière-grand-père maternel en Nouvelle-Calédonie. Celui-ci est parti volontairement dans les années 1860 à Nouméa pour y devenir colon, et y (re)devenir bourgeois. Cette enquête sera le point de départ de ma thèse qui débute en 2021 et porte sur les colons ayant, par hypothèse, le même profil sociologique que lui et Louise Duseigneur, sa femme. L’articulation avec les lieux me fascine : qu’est-ce que l’on fait avec les lieux et les gens qui nous entourent, comment se les approprie-t-on et comment s’y adapte-t-on ? comment s’y jouent les rapports de pouvoir, de surcroit en situation coloniale ?
Habiter, colonialisme de peuplement, Nouvelle-Calédonie, Nouméa, situation coloniale (Balandier), rapports de pouvoir, ville et phénomène d’urbanisation, construction sociale de la race et des catégories sociales, bourgeoisie, Kanak, petit·es Blanc·hes, engagé·es, connexions et circulations impériales, planification urbaine, usages de l’espace et conflits spatiaux, fabrique des espaces coloniaux et de la ville coloniale, ségrégations spatiales
Quelques exemples de documents sur lesquels je travaille : |
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Archives de la ville de Nouméa, plan projeté de la ville de Nouméa, 1863, cote 10W134 |
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Archives de la ville de Nouméa, lettre d’un administré au maire de la ville (14 décembre 1893), cote 3W121
Retranscription : "Monsieur le Maire de nouméa Jai honneur dadressé la réclamation siuvante : Monsieur le Maire de nouméa Me trouvant dans la vallé du tir et payant une consétion daux et aux jourdiu me trouvant dans lins posibilité de faire mon travail Je priré monsieus le Maire de vouloir avoir la Bonté daitre assé bon pour me la donné Jirardot vallé du tir Propriéte votrène Son honneur de saluè" |
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Ancienne demeure coloniale, XIXe siècle, Nouméa, photo personnelle. |
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Archives de la Nouvelle-Calédonie, collection Serge Kakou, Album Allan Hughan New Caledonia 1876, cote 148Fi10 |
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Quelques œuvres lues et vues en ce moment (et vraiment non exhaustif) :
Albert Memmi, Portrait du colonisé, Portait du colonisateur Chimamanda Ngozi Adichie, Americanah Arlette Farge, Le goût de l’archive Didier Eribon, Retour à Reims Edith Azam, Corps texte, ou Mon corps est un texte impossible Le Gouëfflec & Bertail, Mundo Reverso Patricio Guzman, La bataille du Chili (documentaire)
Et un poème pour finir ! |
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