Soutenance de thèse de Mohamed Belqasmi

Photo Mohamed Belqasmi, Le Havre, 2013

Le jeudi 18 février 2021, Mohamed Belqasmi a soutenu sa thèse de doctorat de sociologie mené à l’Université Côte d’Azur sous la direction de Jocelyne Streiff-Fénart et intitulé : Le poids social de la différence. L’altérisation des migrants roms sous l’angle de la dissuasion urbaine, de l’intervention sociale et du militantisme de solidarité.

Composition du jury :

  • Jocelyne STREIFF-FENART (Directrice de de thèse)
  • Emmanuel JOVELIN, Université de Lorraine (Rapporteur)
  • Milena DOYTCHEVA, Universté de Lille 3 (Rapporteure)
  • Catherine WIHTOL DE WENDEN, CNRS, Sciences Po, CERI (Examinatrice)
  • Swanie POTOT, CNRS, URMIS (Examinatrice)
  • Manuel BOUCHER, Professeur des Universités, Université de Perpignan Via Domitia (Examinateur)

Résumé :

Dans le paysage français, le terme « Rom » est devenu élément du vocabulaire politico-journalistique qui désigne une nouvelle figure de l’étranger : des migrants – individus et familles – venus généralement de Roumanie et de Bulgarie à la suite de l’élargissement récent de l’Union européenne à l’Est, vivant dans des conditions précaires, des squats ou des habitats auto-construits insalubres, affublés d’un certain nombre de traits qui les caractériseraient comme le nomadisme (instabilité), la mendicité (dépendance) et la criminalité (délinquance). Les Roms apparaissent ainsi comme des étrangers de fraîche date, des parvenus venant à la fois bousculer et confirmer les hiérarchies symboliques distribuant les groupes sociaux en fonction de leur différences, réelles ou imputées. En étudiant la mise en altérité des migrants roms, cette recherche défend la perspective selon laquelle ce processus peut être analysé sous l’angle de la « dissuasion urbaine » des bidonvilles, mais également des mobilisations qui s’exercent à l’échelle locale, telles que l’action des systèmes d’intervention sociale et des militants de solidarité engagés dans la défense des migrants. Loin d’être la simple réactivation d’anciens stéréotypes appliqués aux Tsiganes en général imprégnant profondément l’imaginaire, l’enquête révèle que, dissociés de l’utilitarisme migratoire, les migrants Roms apparaissent comme des « indésirables », des « cibles de substitution » dans le contexte d’insécurité sociale qui touche aujourd’hui le cœur des démocraties libérales. Ainsi, cette thèse montre comment l’altérisation des migrants roms s’inscrit dans des systèmes de représentations et des pratiques inextricablement liés à un contexte socio-économique et à la politique de régulation sociale de la pauvreté migrante assignée « à la rue ».  Si les Roms sont l’objet de la construction d’un « Autre », c’est en tant qu’ils sont perçus et appréhendés comme étant d’abord des « cas sociaux » surnuméraires en même temps qu’ils sont essentialisés comme des « dépendants culturels ». C’est précisément la correspondance entre l’essentialisation de différences culturelles et la situation de dépendance socio-économique des migrants roms pauvres qui constitue la spécificité de la forme d’altérisation dont ils sont l’objet.

Mots-clés : Roms – Migrants – Altérisation – Dissuasion urbaine – Intervention sociale – Militantisme de solidarité