Soutenance de thèse de Fanny Jedlicki

Le mercredi 12 décembre 2007 à  l’université Paris 7, Fanny Jedlicki a soutenu sa thèse de doctorat de sociologie, intitulée « De l’exil au retour. Héritages familiaux et recompositions identitaires d’enfants de /retornados/ chiliens. »

Le jury était constitué de la directrice de thèse, Maryse Tripier, Marie-Claire Lavabre, Denys Cuche, Anne Gotman, Vincent de Gaulejac et Pilar Gonzalez-Bernaldo.

Résumé de la thèse :

Les constructions identitaires des enfants de /retornados/ chiliens sont déterminées par leur histoire familiale. Fondée par la politique, la violence et le trauma consécutif à  la répression, la mémoire transmise au sein des familles réfugiées et du groupe communautaire s’articule aux expériences d’exil, vécues dans divers univers socioculturels. Les interactions avec les membres des sociétés d’accueil participent aussi des socialisations enfantines et des identifications, évolutives.
Victimes de la répression politique, les parents sont psychiquement pris en charge par leurs enfants, qui tendent à  s’identifier à  eux et à  leurs projets. Le mythe du retour, corollaire de l’exil, en fait partie :
pourtant seuls 30% des réfugiés chiliens retournent au Chili, pendant et après la dictature militaire. Ceux qui ont souvent incarné la figure du réfugié politique idéal durant l’exil, sont stigmatisés et rejetés par une société qui a changé. Ils y vivent une nouvelle migration, encore plus complexe pour leurs enfants qui ne sont, pour la plupart, pas nés au Chili. Leurs souffrances ne sont pas reconnues dans l’histoire nationale chilienne, amnésique face au passé récent. Ils connaissent pourtant, au fil du temps, un processus d’insertion variant selon leurs positions socio-économiques et les contextes de retour. Les enfants de /retornados/ réarticulent entre continuité familiale et autonomisation, leurs sentiments d’appartenance, leurs choix territoriaux, leurs valeurs et pratiques politiques. Leurs narrations identitaires sont révélatrices de ces recompositions mémorielles, structurées par un héritage pesant et marquées par les transformations globales du monde contemporain.