Le jeudi 8 octobre 2015 à l’Université Paris Diderot, Camille Gourdeau a soutenu sa thèse de doctorat en anthropologie/sociologie intitulée :
” L’intégration des étrangers sous injonction. Genèse et mise en oeuvre du contrat d’accueil et d’intégration “
Le jury lui a décerné la mention très honorable avec félicitations à l’unanimité.
Composition du jury :
Mme Nacira GUENIF, Professeure, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis
Mme Virginie GUIRAUDON, Directrice de recherche, CNRS, SciencesPo-Paris (présidente)
M. Abdellali HAJJAT, Maître de conférences, Université Paris Ouest-Nanterre La Défense
M. Sylvain LAURENS, Maître de conférences (HDR), EHESS (rapporteur)
M. Alain MORICE, Directeur de recherche, CNRS, Université Paris 7 Paris Diderot (directeur de thèse)
Mme Jocelyne STREIFF-FENART, Directrice de recherche, CNRS, Université Nice Sophia-Antipolis (rapporteure)
Résumé de la thèse :
Ce travail se propose d’étudier, dans une perspective historique, les usages du contrat d’accueil et d’intégration (CAI). A cet effet, la recherche, conduite entre 2010 et 2013, s’appuie sur une enquête ethnographique menée dans plusieurs directions territoriales de l’Office français d’immigration et d’intégration (OFII), combinant l’observation de toutes les étapes du dispositif et un ensemble d’entretiens avec des agents de cet office, des formateurs et des signataires du CAI.
On examine dans un premier temps la mise en place d’une politique d’accueil des étrangers, en retraçant l’itinéraire de l’OFII et de l’ensemble des institutions concernées avec l’émergence d’un service public ad hoc. Cette mise en perspective permet de rendre compte des diverses filiations du CAI. La recherche met en lumière les contradictions à l’œuvre entre les lois, les discours publics et les pratiques des agents de l’OFII, dont l’activité est traversée par une tension entre gestion administrative et accompagnement social de l’immigration.
Dans un deuxième temps, est abordée la notion d’” intégration “, puis sont analysés ses différents emplois en sociologie et dans les politiques publiques. Inscrite dans la loi comme une condition pour obtenir un titre de séjour, l’intégration est devenue une injonction, tant sociale que juridique. Du point de vue des signataires, le dispositif ainsi conçu est avant tout perçu comme une procédure administrative impérative.
Enfin, dans un troisième temps, l’examen des formations linguistiques et civiques dispensées au titre du CAI fait apparaître que les questions d’égalité entre hommes et femmes et de laicité, présentées comme des enjeux majeurs, provoquent la mise en altérité des signataires. Par sa participation à la production d’une identité nationale et à la rhétorique selon laquelle l’égalitarisme sexuel et la neutralité religieuse distingueraient les pays d’immigration (” Nous “) de certains pays d’origine (” Eux “), le CAI s’inscrit dans la recomposition des frontières.
Mots-clés : immigration, OFII, accueil, intégration, laicité, langue, altérité, genre, identité nationale.