Coordonné par Zahia Ouadah-Bedidi et Dominique Vidal, le groupe Travail est un groupe récent, constitué pour développer son programme durant le prochain quinquennal. Il a été créé en octobre 2022 et regroupe huit membres statutaires de l’URMIS (Mireille Eberhard, Christelle Hamel, Alain Morice, Zahia Ouadah-Bedidi, Jean-Luc Primon, Sylvain Souchaud, Dominique Vidal), trois doctorants (Jeanne Apostoloff, Ana Cleaver, Cyprien Meslet) et deux chercheurs associés (Simone Di Cecco, Élisabeth Rossée).
Il entend renouer avec les questionnements posés sur la place des immigrés dans le monde du travail, qui étaient fortement présents dans les travaux des pionniers de l’Urmis, et il se donne un triple objectif pour le prochain quinquennal :
(1) Constituer un espace de discussions des recherches des membres de l’Urmis posant, sous des angles divers, la question du travail, qu’il s’agisse de la position qu’y occupent les immigrés, leurs descendants et les membres des minorités ethnoraciales. Y seront notamment abordés les phénomènes de stratification et de discriminations, la constitution de niches ethniques, la participation de ces catégories de travailleuses et de travailleurs à certains mondes du travail, notamment dans le secteur des services et dans les emplois peu ou pas qualifiés, ainsi que les caractéristiques des trajectoires professionnelles et les effets des dispositifs d’action publique. À ces questions qui concernent principalement des anthropologues et des sociologues s’ajoutent celles au cœur de la démographie, tant le travail a toujours été corrélé à des facteurs démographiques majeurs (accès au marché matrimonial, âge au mariage, âge au premier enfant, statut des femmes diplômés, maternité et carrières, etc.)
(2) Faire dialoguer chercheurs des sciences du travail et chercheurs d’abord spécialisés dans le domaine des migrations et des relations interethniques. Les discussions qui ont conduit à la création de ce groupe ont notamment fait ressortir tant une connaissance insuffisante des travaux récents menés en sociologie du travail et, de ce fait, susceptibles, de renouveler les recherches menées sur les populations issues de l’immigration, que la forte demande des spécialistes du travail pour mieux prendre en compte, inversement, la diversité ethnoraciale des mondes du travail, souvent reléguées au second plan. En matière statistique, la question des données existantes, lacunaires ou manquantes fera l’objet d’un examen particulier.
(3) Examiner en perspective comparée, notamment à partir d’études menées dans des pays du Sud, les transformations des mondes du travail, que ce soit sous l’effet de politiques publiques, de recours à une main d’œuvre immigrée (saisonnière ou non), de mobilisations sociales et de changements techniques (notamment la place importante des immigrés dans l’essor du capitalisme de plateforme et les métiers de la logistique). Seront également examinées d’autres mondes du travail, au travers notamment de l’ouverture et de la fermeture relatives de certaines professions (comme, par exemple, celles de l’enseignement supérieur et de la recherche qu’étudient plusieurs membres de l’Urmis dans le programme ACADISCRI).