Philippe Poutignat

L’URMIS a la tristesse d’annoncer le décès de Philippe Poutignat dont la grande culture, la finesse d’analyse et les qualités humaines ont marqué ses collègues et ses étudiants. 
Sa carrière, débutée au sein de l’Institut d’Études et de Recherches Interethniques et Interculturelles (IDERIC) à l’Université de Nice, illustre de façon exemplaire l’ambition de ce laboratoire de construire une approche inter-disciplinaire des relations interethniques. Dans le cadre du Centre d’Étude des Plurilinguismes dirigé par Gabriel Manessy il a étudié en socio-linguiste le statut du français en Afrique, notamment dans ses recherches menées avec Paul Wald sur les usages du Français et du Sango en Centre Afrique. Fin connaisseur des théories et des méthodes de l’anthropologie, il a au cours de la même période et dans la même région mené une enquête ethnologique sur les Pana. Poursuivant sa carrière à l’Université de Nice dans le cadre du Soliis, puis de l’URMIS il a mené des recherches sociologiques sur les étudiants étrangers, sur le racisme dans les lieux de travail (Programme européen RITU), sur les dénominations urbaines (Programme Les mots de la Ville), sur les migrations africaines, avec des enquêtes notamment en Mauritanie et au Mali (Programme MITRANS). 
Son inlassable curiosité scientifique l’a souvent amené à découvrir des avancées de la recherche encore peu connues en France et à les introduire auprès de ses collègues et étudiants. Il a été l’un des premiers en France à s’intéresser à l’ethnométhodologie et à la problématique de l’ethnicité sur laquelle il a fourni une contribution dès 1995 dans un ouvrage Théories de l’ethnicité co-publié avec Jocelyne Streiff-Fénart aux PUF.
Souvent menée dans un cadre collectif, son activité scientifique est marquée par la constance de son intérêt personnel pour l’approfondissement des usages pratiques des catégories d’appartenance. 
Indifférent aux intérêts de carrière et insensible aux dictats du Publish or Perish, Philippe était un chercheur au sens plein du terme, son activité ne trouvait de sens à ses yeux que dans la découverte de nouvelles pistes de l’intelligibilité du social.