Migrations de transit en Afrique. Dynamiques locales et globales, gestion politique et expériences d’acteurs

Projet retenu par l’ANR (programme blanc 2006), coord. Jocelyne Streiff-Fénart


Ce projet vise à  rendre compte des transformations des modèles migratoires confrontés aux processus de mondialisation. Le paradigme du ” transnationalisme “ qui s’est imposé depuis quelques années pour penser ces transformations n’est que partiellement adéquat pour comprendre les mouvements migratoires déployés à  partir du continent africain. Il s’intéresse avant tout au caractère bi-polaire de la migration, et privilégie les dynamiques des réseaux au détriment de l’articulation entre système de contraintes et nouveaux modèles migratoires. Notre projet prend en compte non seulement l’intensification des échanges et des flux, mais également la politique des États et les effets de la fermeture des frontières. Il se propose d’étudier les stratégies des migrants qui vivent de façon prolongée dans une situation de liminarité et de décrire les sens variables que prend l’errance en fonction des territoires traversés.

Sur le plan empirique, on prendra en compte la diversification des destinations, en intégrant l’Afrique du Sud, et en incluant des contextes différenciés, en particuliers urbains, entre lesquelles les migrants peuvent circuler. Le projet développera une méthodologie multi-située. Les terrains retenus (France, pays de destination et de passage ; Sénégal et Mali, pays de départ et de transit ; A du S, à  la fois destination finale et porte vers l’Europe ou l’Amérique du Nord ; villes de transit : Casablanca et Rabat au Maroc, Nouadhibou en Mauritanie, Johannesburg en A du S) ne l’ont pas été seulement en vue d’une démarche comparative mais également parce qu’ils correspondent à  des plateformes à  partir desquelles peuvent s’établir des connections. L’enjeu est de revisiter les paradigmes des migrations internationales à  la lumière des nouvelles formes de mobilité. Ce projet permettra à  la fois de rendre compte et de surmonter le brouillage des catégories traditionnelles de ce domaine (immigrés économiques/réfugiés ; migration temporaire / migration d’installation ; zones de départ, de transit, de destination) qu’ont entrainé ces migrations. Sur chacun des thèmes de la recherche, la démarche pionnière mettant en perspective l’Afrique du Sud, avec des destinations plus traditionnellement investies au Nord, devrait apporter des connaissances inédites. La recherche comblera, en particulier pour l’Afrique Australe, la grande lacune actuelle de la littérature qui ne prend jamais en considération l’intégralité du circuit migratoire. Enfin plus largement, cette recherche devrait permettre de rompre avec deux écueils récurrents concernant le discours portant sur les migrants de transit, le misérabilisme, qui conduit à  les représenter sous le seul aspect de leur victimisation, ou inversement une vision romantique célébrant le nomadisme et accentuant bien au delà  de leurs portées effectives les initiatives entrepreuneuriales.

Le programme Mitrans se clot par un colloque international organisé à  Nice du 10 au 12 décembre 2009.

Membres du programme :

 Gilles Ivaldi (chercheur CNRS, Urmis)

 Caroline Kihato, (Development Bank of Southern Africa)

 Loren B. Landau (directeur du Forced Migration Studies Programme , University of the Witwatersrand)

 Alain Morice (chercheur CNRS, Urmis)

 Elise Palomares (Maître de conférences, université de Rouen, Urmis)

 Anaik Pian (post-doc Urmis, université Paris Diderot)

 Philippe Poutignat (Ingénieur de recherche, CNRS, Urmis)

 Mahamet Timera (Maître de conférences, université du Havre, Urmis)

 Catherine Quiminal (professeur des universités, université Paris Diderot, Urmis)

 Jocelyne Streiff-Fénart (directrice de recherches, CNRS, Urmis, coordinatrice du programme Mitrans)

 Aurelia Wa Kabwe-Segatti (directrice scientifique, Ifas)