Journée d’étude : L’actualité des études sur la « blanchité – Whiteness » en France

Journée d’étude organisée par l’Unité de recherches Migration et Sociétés (URMIS-Universités Paris Diderot, Nice, IRD, CNRS),
dans le cadre des programmes Eurescl (7e PCRD) et Afrodesc (ANR Sud)

En France, les ouvrages scientifiques qui traitent de la ” francité “ ou de la ” blanchité “ sont quasiment inexistants comparativement aux pays anglophones où les travaux sur la Whiteness ont connu un développement considérable depuis plus d’une vingtaine d’années. Cette situation peut être mise en relation avec l’hégémonie de l’idéologie républicaine et de sa prétention à  un aveuglement volontaire aux origines et à  la ” race “. Un aveuglement qui interdit l’institutionnalisation de catégories relevant de ce type de registre et qui pèse sur le champ académique en déterminant les thèmes de recherche légitimes et valorisés. Mais elle relève aussi de la faiblesse de la mobilisation politique autonome des minorités ethnicisées ou racisées qui, contrairement aux États-Unis en particulier, n’ont pas réussi à  imposer une dénonciation de la ” suprématie blanche “ et des avantages qu’elle confère.

Globalement, dans le contexte français, le groupe majoritaire- ses membres et ses institutions- tend à  se penser et à  se faire reconnaître non comme un groupe particulier mais comme la référence générale, implicite, indéfinie et universelle, celle qui ne diffère de rien et par rapport à  laquelle s’organise la hiérarchie des ” autres “, des catégorisés. Ce contexte contraignant pèse donc de manière spécifique sur les possibilités d’études du groupe majoritaire : ses frontières, ses formes d’identification, les modalités idéologiques et matérielles de légitimation et de reproduction de ses privilèges. C’est pourquoi, dans le cadre des programmes EURECL (7e PCRD) et Afrodesc (ANR Sud), l’URMIS a souhaité consacrer une journée d’étude à  la thématique de la ” blanchité “ en France, en cherchant à  ne pas cantonner cette question aux seuls ” petits Blancs “ et au racisme populaire et en la replaçant dans un cadre européen plus large. Pour cela, nous avons sollicité un ensemble d’intervenant-e-s afin de confronter cadres théoriques et données empiriques actuelles.

Cette journée débutera par une réinterrogation de certains fondements théoriques de l’étude des groupes majoritaires. Maxime Cervulle (CRICC, Université Paris 1) apportera des éléments de bilan des travaux anglophones sur la Whiteness en interrogeant leur capacité à  renouveler les études des rapports sociaux de race. Véronique De Rudder (URMIS, CNRS) questionnera les processus d’incorporation qui sont nécessaires à  une identification des membres du groupe majoritaire, quand bien même le contenu de cette identité resterait le plus souvent implicite.

Il arrive cependant que le groupe majoritaire, par la bouche de ses élites, sorte de son indétermination et soit amené à  se définir ” racialement “, notamment sous l’effet d’une combinaison de rapports sociaux de pouvoir. Nathalie Puvilland (URMIS, Paris 7) analysera certains phénomènes de racisation des majoritaires impliqués dans les politiques de la diversité du fait de leur sexe ou de leur origine de classe. Eric Fassin (IRIS, ENS Paris), traitera de la ” blanchité sexuelle “ comme critère d’appartenance légitime à  la nation, définie par des caractéristiques d’égalitarisme sexué et de tolérance en matière d’orientation sexuelle supposées communes aux vrais nationaux, par opposition au machisme et à  l’homophobie imputés aux membres de certains groupes minoritaires stigmatisés.

Enfin, les frontières-mêmes du groupe majoritaire sont à  questionner. C’est pourquoi Steve Garner (Aston University) explorera les identités blanches européennes marginales, celles des Juifs, des gens du voyage, des migrants d’Europe orientale- ¬bref les ” pas-tout-à -fait-blancs “- afin de les intégrer dans une réflexion sur la situation actuelle au Royaume Uni, où des récits identitaires ” blancs “ tendent à  se développer autour du sentiment d’un désavantage subi par rapport aux minorités ethniques.

Déroulement de la journée :

 14h-14h30 : Accueil des participants et présentation de la journée par Christian Poiret (URMIS, Paris 7)

 14h30-16h30 : Première table ronde (M. Cervulle, V. De Rudder, N. Puvilland)

 16h30-17h00 : Pause-café

 17h00-18h45 : Deuxième table ronde (E. Fassin, S. Garner)

 18h45-19h00 : Conclusion

Vendredi 23 septembre 2011 de 14h à  19h à  l’Université Paris Diderot,
Site des Olympiades, amphi 046.

Plan d’accès.