Aida Ramirez Romero

Aida Ramirez Romero est docteure en sociologie (IRD). Elle a soutenu sa thèse en juillet 2023.

Titre : « Socialisation à la nation bélizienne : quelle école pour quelle société ? »

Directrice de thèse : Elisabeth Cunin.

Jury composé de :

  • Odile Hoffmann. Directrice de recherche émérite, URMIS, IRD, Université Paris Cité
  • Etienne Gérard. Directeur de recherche, CEPED, IRD, Université Paris Cité.
  • Rina Cáceres. Professeure, Universidad de Costa Rica
  • Géraldine Bozec. Maîtresse de conférences, URMIS, Université Côte d’Azur
  • Pierre Guidi. Chargé de recherche, CEPED, IRD, Université Paris Cité
  • Nahayeilli Juarez. Enseignante chercheure, CIESAS, Mexique.

Résumé :

Dans ce travail, « nation » et « diversité » sont pensées et questionnées ensemble, depuis le champ de l’éducation. Cette thèse apporte des éléments qui expliquent comment se construisent et se naturalisent les formes d’identification à une catégorie nationale. Les réflexions visent à décentrer l’idée qu’une nation est « une et homogène » et à questionner la place que les différences culturelles occupent, en termes d’inclusion et d’exclusion, dans les discours sur la nation.

Ici, le concept de « nation », composant du modèle politique de l’État-nation, est compris comme une construction politique et sociale. Il est question du Belize (historiquement colonisé par la Grande-Bretagne et indépendant depuis 1981) qui, comme de nombreuses « nouvelles » nations après les décolonisations, a été légitimée par un pouvoir mondial et a été définie, délimitée et « manufacturée » depuis « le haut » par un État. L’éducation est un outil largement investi par les États pour diffuser des représentations et des symboles qui contribuent à la construction d’identifications nationales. Les écoles sont aussi des espaces de socialisations multiples où les individus se socialisent et construisent des identifications selon des catégories sociales.

Pour appréhender la complexité des processus de « nationalisations » des écolier.es, cette recherche combine trois axes d’analyses : l’histoire sociale de l’institutionnalisation de l’école coloniale ; une sociologie des acteurs d’institutions éducatives chargés d’écrire l’histoire nationale ; une ethnographie des pratiques éducatives dans des écoles primaires. Ainsi, ce travail considère les dimensions historiques, institutionnelles, idéologiques et sociales qui participent à la socialisation des individus qui font l’école. Depuis des perspectives locales et globales, les analyses montrent que le développement de l’éducation coloniale a contribué à façonner des identités raciales et ethniques propres au Belize, qui se réarticulent, aujourd’hui, à l’école nationale. La thèse met en lumière les liens entre les institutions de l’État (ministère de l’Éducation, université) avec une organisation ethnique et avec les écoles primaires, dans l’élaboration et l’implantation de programmes éducatifs. Elle rend compte de reproductions, de transformations et d’appropriations ethnopolitiques de l’histoire coloniale qui font évoluer, non seulement, les discours historiques sur la nation, mais qui éclairent aussi la diversité des significations que les acteurs construisent sur les différences. Enfin, les voix des écolier.es nuancent et questionnent les discours schématiques et stéréotypés des institutions. Le poids de l’histoire est conséquent, néanmoins, les expressions des enfants recueillies dans le cadre de cette étude montrent à quel point les imaginaires nationaux sont fluides et pluriels, les élèves s’approprient et réinterprètent les discours, en faisant preuve qu’il n’existe pas « une nation », mais bien une multiplicité de perceptions et de vécus qui donnent du sens à des identifications qualifiées de nationales.