Soutenance de thèse de Nathalie Schipounoff

Le jeudi 19 décembre 2019 à 14h30 à l’université Paris Diderot, Bâtiment Olympes de Gouges, salle Laplanche (576), Nathalie Schipounoff soutient sa thèse d’anthropologie sociale et d’ethnologie, réalisée sous la direction de Pascal Dibie et intitulée « Aimables startuppers : pour un meilleur monde ou une  meilleure place ?   Ethnologie du mode startup dans un incubateur parisien ».

Composition du jury :

  • M. Jean-Philippe Bouilloud, ESCP Europe 
  • Mme Nabyla Daidj, Institut Mines Telecom – Business School HDR (Rapporteur)
  • M. Pascal Dibie, Paris 7 (Directeur de thèse)
  • Mme Fabienne Hanique,  Paris Diderot – Paris 7
  • Mme Valérie Patrin-Leclerc, CELSA Sorbonne 
  • Mme Fabienne Hanique, Paris Diderot – Paris 7  
  • M. Pierre-Michel Riccio, IMT Mines Alès

Résumé :

« Changer le monde et en faire un meilleur endroit » est le leitmotiv de tout startupper qui souhaite convaincre des investisseurs. Une startup dans l’IT (information technology) est « une institution humaine conçue pour créer un produit ou un service dans des conditions d’incertitude extrême. » Que signifie alors pour un startupper « vouloir changer le monde » ? Les fantasmes de la réussite pour tous et de l’entrepreneuriat suffisent-ils à prendre un tel risque ?

Notre hypothèse de départ est que le mode startup observé dans ce travail de recherche est une fabrique de « nouveaux ambitieux » dans le système néolibéral. L’enjeu est de permettre aux startuppers d’espérer contribuer par leur travail à un monde meilleur, alors qu’ils restent au service de la sphère financière et des levées de fonds, voire de la spéculation en échange d’une meilleure place sociale.

Pour en faire la démonstration, les méthodes utilisées dans cette recherche s’articulent autour de quatre grands axes :

  • une recherche académique, conjuguée à une veille récurrente,
  • une observation ethnologique participante dans un incubateur parisien pendant plus de 15 mois,
  • une étude ethnographique et sémantique des posts (billets) partagés et anonymisés sur Facebook de startuppers et de monographies biographiques publiées sur Tumblr des fondateurs de startups présentes pendant la phase de terrain.

L’objectif est de tenter dans la lignée du « Village métamorphosé » de Pascal Dibie d’apporter à sa mesure, à l’échelle d’un incubateur « une approche singulière porteuse de l’universel », des éclairages sur les coutumes, les rituels voire les croyances du monde des startups et de démontrer dans cette recherche en quoi le mode startup n’a pas vocation à sortir du capitalisme, mais à le réenchanter. L’utopie aux sources du numérique qui consiste à vouloir changer le monde est devenue un pitch marketing.

Toutefois, cette étude entrevoit dans ce postmodernisme et le fait de devenir startupper une forme de résilience. Créer une startup, c’est vouloir retrouver du sens et une place parmi les meilleurs, mais c’est aussi tenter de concilier l’inconciliable : humaniser la déshumanisation.

Mots clefs : Ethnologie ; startup ; observation participante ; incubateur ; société hypermoderne ; technologie ; Internet.