Soutenance de Laura Calcagno

Xiré, Première Sortie au terreiro « Ilé Fi Oro Sakapata » La Maison de Fête d’Omulu. Nova Iguaçu, Rio de Janeiro 1981. (Photo Laura Calcagno).

Le lundi 25 janvier 2021 à 14h, à l’Université de Paris, Laura Calcagno soutient sa thèse de doctorat en anthropologie et sociologie intitulée « Étude comparée  d’un Terreiro de Candomblé à Rio de Janeiro 1981/2019 sous l’angle de la migration de ses membres » et réalisée sous la direction de Pascal Dibie.

Composition du jury :

  • Isabelle BIANQUIS, Professeure Université de Tours (rapporteur)
  • Pascal DIBIE, Professeur émérite, Université de Paris (directeur de thèse)
  • Florence GIUST-DESPRAIRIES, Professeure émérite, Université de Paris (examinatrice)
  • Pierre Johan LAFITTE, Maître de Conférences, HDR, Université Paris VIII (examinateur)
  • Jean-Claude RUANO-BORBALAN, Professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers (rapporteur)

Résumé :

La première partie de cette étude consiste en l’approche du panthéon nagô, la description des religions africaines au Brésil, en particulier du Candomblé basé sur un premier terrain de longue durée en 1981/1982 au Terreiro « Ilé Fi Orô Sakapata ».

Cette partie est composée de la description spatiale, fonctionnelle, sociale, symbolique, hiérarchique et économique du terreiro. Nous abordons également sa généalogie et les traditions propre à ce terreiro des années 1980. En plus de la vie dans le terreiro, le quotidien présenté sous la forme d’une journée complète. Nous décrivons et analysons les fêtes et les cycles rituels : préparation de la cuisine, des habits des orixas, divinités, mises en scène des cérémonies. On y trouve aussi la description ethnographique de notre participation à deux « Sorties de Bateau », c’est-à-dire aux Initiations de nouvelles novices avec le Jour du Nom, le Panam, la Quitanda, etc… Nous assistons au cycle rituel annuel et analysons en particulier la fête du Pilão de Oxaguiãn, et la fête de Obaluayé, ainsi qu’une fête de Caboclo et le Orô de Iansãn.

Une toute particulière attention est donnée à la danse des orixas qui sont les forces, les éléments de la nature en même temps que rois et reines de la mythologie yoruba et qui racontent à travers leurs gestes et pas de danse leurs histoires mythiques et caractéristiques.

La divination a une place privilégiée dans le Candomblé et l’Oracle d’Ifa est consulté pour toute décision importante à prendre. Nous l’avons consulté et appris quelques rudiments.

Dans une seconde partie nous exposons le terrain fait à partir de 2O11 au terreiro « Axé Idasile Odé ». La donne a radicalement changé morts, conflits et migrations ont montré la montée au Brésil de la discrimination et des intolérances que le pouvoir des évangéliques déploie contre les gens du Candomblé. Nous étudions alors les migrations personnelles des adeptes ainsi que les trajets spirituels aujourd’hui : en quoi ils ont changé En quoi tradition et politique oblige l’engagement des membres d’un terreiro et implique de nouveaux engagements. Comment Internet change le rapport entre les gens et le systéme d’apprentissage contemporain et d’information et de communication entre ses membres et pour un public plus large.

La question des « religions afro-brésiliennes », la création de CETRAB (Centre de Traditions afro- brésiliennes) pour enseigner cette culture, la création du PPLE (parti populaire de liberté et d’expression afro-brésilienne), à la recherche d’une représentation nationale dans les institutions, et pour une reconnaissance et améliorations de la vie des membres de la communauté du Candomblé, sont aujourd’hui une question majeure pour les minorités afro-descendantes au Brésil. Les agressions et les discriminations, de plus en plus communes, un ethnocide se développe, quand il n’y a pas assassinat, et la pratique se transforme, mais rien n’est « lâché » et la tradition, même revisitée reste maître à bord du Terreiro.

Ce terrain comparé à trente ans de distance nous permet de montrer persistances et transformations mais aussi d’ausculter les bouleversements profonds d’un Brésil qui se mondialise et s’uniformise à grande vitesse au risque de voir disparaître les diversités (Indiens, afro-brésiliens) qui faisaient son expression profonde. Ma thèse se veut un témoignage en cette ouverture du XXIe siècle, en même temps qu’un travail questionnant l’avenir de tous.

Mots clefs :    Afro-descendant, Anthropologie Religieuse, Anthropologie Urbaine, Colonisation, Danse, Discrimination, Diversité, Divination, Ethnocide, Internet, Migration, Mouvements politiques, Rituel, Spiritualité.

Xiré au terreiro « Axé Idasilé Odé » La Liberté du Chasseur, Olaria, Rio de Janeiro, 2015. (Photo Laura Calcagno)