1. Programme 3.1. : « Retours d’esclavages »

Chercheures : M-P. Ballarin, G. Bonacci, M-J. Jolivet

Nous nous intéressons ici à  l’héritage de l’esclavage à  l’époque contemporaine, aux répercussions à  long terme d’une migration forcée, celle de la traite, et aux recompositions sociales et identitaires contemporaines nées de ces changements.

Prendre en compte la prégnance du statut d’esclave, devenue une catégorie sociale occultée ou non, permet d’envisager la permanence de ses effets dans le champ social et économique. Aujourd’hui, méconnaître la composition et la hiérarchie interne des populations conduit à  leur adresser par la suite des messages qui ne peuvent être entendus ou ne peuvent avoir d’impact. Plusieurs aspects émergent ici tels que l’analyse du contexte de production de la catégorie esclaves/descendants d’esclaves ; les réminiscences des anciens rapports de domination ; les enjeux socio-économiques qui en découlent en termes d’accès aux ressources ; les luttes politiques via les récits élaborés à  partir d’événements historiques et les discours ; l’utilisation des identités ethniques et raciales dans les revendications sociales ; les reconfigurations des rapports à  la culture, à  l’histoire ; enfin, la mise en patrimonialisation à  des fins politiques et identitaires… De fait, que deviennent à  l’époque contemporaine les esclaves libérés et leurs descendants, réputés sans ancêtres et sans terres, ou encore coupés, par une nouvelle migration, d’un territoire ancestral recréé dans le marronnage ? Quelles sont leurs positions sociales ? Quelles images vont-ils véhiculer eux-mêmes et comment sont-ils vus des autres ? Aujourd’hui en quoi consiste ce statut ” d’ancien esclave “ ou de ” marron “ et comment est-il négocié ? Quelles stratégies perçoit-on, que ce soit dans une volonté d’occultation ou au contraire d’affichage, voire de revendication ? Quels sont les discours formels et informels qui sont transmis dans les villages et les quartiers urbains connus comme ayant été des implantations de populations serviles ? L’étude des récits, des lieux et des figures associés à  l’esclavage et au marronnage, de l’état de ces mémoires- entre les deux pôles des mémoires médiatisées et des mémoires occultées- est déterminante, notamment lorsqu’elle devient une ressource identitaire et politique.

Cette question sera abordée à  partir des enquêtes suivantes :

 Effets de l’esclavage et de la traite dans le Kenya contemporain (M-P. Ballarin)

 Retour des descendants d’esclaves en Ethiopie : discours et pratiques sociales (G. Bonacci)

 Modalités du changement chez les Marrons de l’Ouest guyanais (M-J. Jolivet)