Archive 2017 : Présentation du groupe de recherche « Ville et urbanité »

Extrait projet quinquennal 2019-2023, présenté à  l’automne 2017


Coordination : Jérôme Tadié (IRD Paris), Nicolas Puig (IRD Paris) et Sylvain Souchaud (IRD Paris)

Ce groupe de recherche a pour but de mettre en commun les recherches faites sur la ville et les sociétés urbaines à  l’URMIS. Il organise une réflexion sur les phénomènes urbains dans une perspective transdisciplinaire. Prenant la ville non seulement comme un cadre mais aussi comme un objet et un sujet de recherche, il recouvre plusieurs thèmes qui contribuent à  analyser les pratiques et perceptions des citadins et la fabrique de l’urbain et le rôle de ce contexte dans nos recherches. Différents sujets y sont traités tels que la politique en ville- l’informalité politique, la politique par le bas, etc.-, les sensorialités et temporalités urbaines, l’influence des migrations et des transitions démographiques dans la création de ” modèles “ urbains et de société, ou plus simplement de sociabilités et de pratiques urbaines différenciées.

Une première entrée analyse la dimension sensorielle dans la vie urbaine. Il s’agit de documenter et d’étudier les différentes façons de produire et percevoir des ambiances sonores qui participent d’univers sensoriels différenciés et socialement structurés. Il convient ainsi d’interroger les pratiques sonores en lien avec les dynamiques sociales, culturelles et économiques comme avec les technologies et les esthétiques, et d’avancer dans la compréhension et la restitution de la contribution du sonore dans les modernités urbaines.
S’il est nécessaire de réinterroger la ville et l’urbanité en prenant en considération les dimensions sonores de la vie collective, les aspects visuels ainsi que les autres sens ne doivent pas être négligés pour autant. Les recherches interrogent l’environnement visuel de la ville, du point de vue des objets et des architectures qui lui donnent forme, comme de celui des façons d’apparaître et des modes de présence des groupes de différentes origines qui s’y côtoient et de la manière dont chacun d’entre eux peut être à  même de percevoir l’environnement urbain en fonction des préoccupations comme des activités professionnelles qui lui sont propres. Les modes de présence et les pratiques du paraître tracent tout un ensemble de questionnements sur les rapports d’altérité en ville qui concernent notamment les expériences de co-présence produite par les migrations contemporaines.
L’importance des sens dans l’appréhension de la vie sociale en ville renvoie également à  l’invisible- il faudrait chercher s’il n’existe pas de la même façon un inaudible- et à  la manière dont on le ressent et le perçoit. Cet invisible confère une matérialité, plus ou moins sensible, parfois éthérée, à  la ville. A travers les expériences ressenties des défunts (fantômes), des esprits ou des djinns, c’est un imaginaire urbain qui est mis en évidence, pleinement constitutif des expériences, appartenances et enjeux urbains, qui recoupent des questions d’aménagement urbain plus générales. Ces enjeux renvoient également aux ” politiques du sensible “ qui, à  travers la gouvernance des villes, distribuent inégalement les propriétés sensorielles de la citadinité, et cristallisent sur elles des conflits d’urbanité et des controverses environnementales.

La seconde entrée envisage les espaces urbains au prisme des citadinités, de l’informalité et des phénomènes de métropolisation. Un premier questionnement ” informalité, pouvoir et envers des espaces urbains “ vise à  comprendre, dans une perspective comparative, comment se forme et se maintient une pluralité de pouvoirs urbains et leur rôle dans le gouvernement des territoires. Il met l’accent sur les logiques informelles de production, d’administration et de gestion de la ville et prend en compte les temporalités courtes (jour/nuit). Ce projet analyse donc la fabrique politique en ville, à  partir des dynamiques informelles qui la constituent et la manière dont celles-ci entrent en jeu dans la gouvernance des espaces. Un deuxième questionnement ” Transition métropolitaine et centralités dans les villes brésiliennes “ porte sur les transitions métropolitaines, au cours desquelles les matrices sociologiques et les objets géographiques sont redéfinis. Nous étudions l’usage différencié de la ville selon les catégories sociales, à  travers les modèles politiques et urbanistiques qui s’élaborent.

Enfin, le groupe de recherche Villes et urbanités a vocation à  accueillir les travaux portant sur les différents domaines de la vie urbaine (trafics, approvisionnements/marchés, performances, rituels urbains) et sur les échanges sociaux, les différentiations et les regroupements, qui y prennent place à  différentes échelles de temps, depuis l’émergence de communautés éphémères à  la structuration de métiers de la ville (musiciens de noce au Caire, concierges parisiens, marchands palestiniens de Beyrouth, etc.).

Production scientifique
Des réunions et séminaires réguliers seront organisés par chaque sous-groupe de recherche avec une mise en commun partenariale et des moments de réflexion partagés au cours du programme. Nous organiserons également des journées d’étude en commun avec l’axe ville du CESSMA, dans le cadre, entre autres de la Fédération Sciences Sociales Suds (F3S). Nous proposons également de travailler au montage d’un dossier de revue sur un thème à  définir en commun.