Archive 2017 : Présentation du groupe de recherche « Education, jeunesse, altérité »

Co-responsables : Alessandro Bergamaschi, Catherine Blaya, Valérie Erlich.

Au cours du dernier quinquennal, les recherches menées au sein de l’URMIS sur l’éducation et les différentes jeunesses se sont développées, cherchant à  analyser les processus liés à  l’altérité et la hiérarchisation sociales en contexte scolaire, mais également en dehors de la sphère scolaire, plus spécifiquement en fonction de l’origine ethnique, ” raciale “, nationale- réelle ou supposée. Ce programme proposera de poursuivre ces analyses à  partir de plusieurs pistes, en articulation avec les axes de l’URMIS sur les catégories identitaires et les altérités, sur les formes du politique ainsi que sur les migrations et les circulations, afin d’approfondir les analyses actuelles et de faire émerger de nouveaux questionnements.

– Inégalités de scolarisation, catégorisations identitaires, discriminations et altérités scolaires et juvéniles

Les travaux en éducation ont montré que l’école peut être le reflet d’inégalités structurelles caractérisant la société mais qu’elle est aussi le lieu où se ” fabrique “ une partie des inégalités : inégalités de réussite ou d’échec scolaires, inégalités sociales de trajectoires scolaires, inégalités filles/garçons, etc. Les recherches poursuivront ces analyses en centrant plus particulièrement l’attention sur les inégalités selon les origines migratoires des élèves. Elles insisteront également sur le rôle de l’institution éducative dans la construction de la socialisation et des identités des élèves et des étudiants. Il s’agira aussi de porter une attention spécifique aux formes de résistance quotidienne des populations scolarisées en situation minoritaire, au racisme, aux processus discriminatoires à  l’œuvre au sein de l’institution éducative et aux stratégies des élèves confrontés à  ces processus. Comment interprètent-ils les manifestations de discriminations et de racisme ? S’y adaptent-ils, cherchent-ils à  y résister ? Comment voient-ils l’expression des religions ? Les recherches dans ce cadre porteront sur l’analyse empirique de l’expérience, du vécu et du ressenti des discriminations et du racisme, dans l’enseignement secondaire et supérieur. Mais ce programme portera également sur les dynamiques relationnelles entre jeunes au sein de l’enceinte scolaire ainsi que dans d’autres sphères de la vie sociale. Il s’interrogera plus globalement sur la place des catégorisations ethno-raciales et religieuses dans la socialisation des jeunes, dans leurs relations de sociabilité, dans leurs représentations de la société et des autres.

– Enjeux sociaux des politiques éducatives

Sous l’effet des processus de mondialisation et de massification, et des politiques éducatives sous- jacentes, les systèmes scolaires occidentaux ont subi de profondes transformations qui se sont répercutées sur les objets de savoirs, les contenus scolaires et les formes d’enseignement mais aussi sur les inégalités en éducation, l’émergence ou la redéfinition de problèmes sociaux tels que la déscolarisation ou encore la violence à  l’école. Les recherches porteront sur ces transformations, qui amènent à  considérer à  la fois une harmonisation internationale en matière d’éducation avec l’établissement de critères, de normes et de référentiels communs, mais aussi un effritement de l’idéal égalitaire, qui amène à  la mise en concurrence des systèmes d’éducation et des établissements d’enseignement. Les politiques de mondialisation créent les conditions d’un accroissement des inégalités. L’espace national demeurera un cadre pertinent d’analyse permettant d’interroger les normes scolaires et politiques majoritaires dans la société française, de les confronter en particulier aux stratégies familiales en matière de choix d’établissement scolaire (secteur privé, confessionnel…). Dans cette perspective, le principe de laicité sera également interrogé dans sa mise en oeuvre à  l’école de la République. D’autres questions, celles du ” vivre ensemble “, de la mixité, du religieux, de l’inclusion, du handicap dans la sphère scolaire, seront aussi abordées pour mieux en saisir les enjeux sociaux et politiques et comprendre comment ils contribuent à  produire mais aussi parfois à  déconstruire les frontières entre les groupes.

  Mobilités, circulations et expériences migratoires des jeunes et des étudiants

Face aux enjeux économiques des politiques publiques d’internationalisation et notamment des politiques de contrôle migratoire dans l’enseignement supérieur en Europe et dans le monde, il s’agira de montrer que des logiques institutionnelles d’établissements, des dynamiques de communautés scientifiques se sont développées, modifiant les circulations des savoirs, les mobilités des élites scientifiques dans le monde ainsi que les mobilités des jeunes – pour études, pour stages, pour travail. Ces dernières sont objets de différenciations freinées par des facteurs socio-économiques, par des obstacles variés (administratifs, financiers, linguistiques, scolaires…), par des politiques publiques segmentaires, qui créent des inégalités flagrantes entre les jeunes mobiles, mais également au niveau de l’éducation, entre les pôles de formations et de savoirs. En se penchant également sur les représentations des étudiants et des jeunes étrangers, les recherches étudieront l’impact de la mobilité en termes de perception de l’altérité et s’interrogeront sur les processus de catégorisation des stéréotypes et préjugés raciaux dans la construction des expériences migratoires. La question des catégorisations sera également au centre des analyses de ce programme, les catégories d’étudiants « étrangers », « internationaux », « migrants », « institutionnels » représentant des catégories d’usage des discours et des politiques publiques, qui font émerger des ” figures “ migratoires plus ou moins attractives.