Florence Boyer

Florence Boyer est chargée de recherche à  l’Institut de Recherche pour le Développement, membre de l’URMIS depuis 2013.

Elle a mené des enquêtes au Niger (département de Téra, région de Tahoua, Niamey) et au Burkina Faso (Ouagadougou), interrogeant plus globalement le fait migratoire intra-africain du point de vue des États sahéliens.
S’inscrivant dans une approche globale des mobilités, ses travaux questionnent les projets migratoires mais aussi les processus d’installation et/ou de retour dans l’espace urbain notamment. Attentives aux stratégies familiales, aux relations intergénérationnelles et à  la construction des réseaux sociaux dans le temps et dans l’espace de la migration, ses recherches interrogent plus particulièrement les rapports hiérarchiques et de domination révélés par les mobilités.

Plus récemment, en lien avec d’anciens travaux sur l’esclavage au Niger, ses recherches se sont orientées vers les rêves- ou leur absence- de départ chez les jeunes urbains sahéliens et la manière dont ces derniers négocient leur place dans des sociétés et des systèmes de pouvoir fortement hiérarchisés. L’étude des pratiques urbaines ordinaires de cette jeunesse, des formes de collectifs et de solidarité inédits qu’elle construit, est envisagée comme révélatrice des logiques de domination, éventuellement de leur contestation.

Recherches en cours et achevées :

” Je me suis assis “ : installation, retour, expulsion de migrants internationaux nigériens à  Niamey. Cette recherche s’intéresse à  la place de la capitale nigérienne en tant qu’espace de retour ou d’expulsion. Les premiers travaux ont concerné les expulsés, anciens comme récents, d’Arabie Saoudite ; la particularité étant que cette expulsion est vécue non comme un échec mais comme un moment de la trajectoire migratoire. De même l’installation à  Niamey constitue un autre moment, pouvant conduire ou non vers un nouveau départ, selon les opportunités. Les retours/expulsions de Nigériens du Nigeria, certains y étant installés depuis plusieurs générations, constituent un autre angle d’approche en regard notamment de travaux antérieurs sur les retours de Burkinabè de Côte d’Ivoire.
Plus largement ces travaux visent à  interroger les catégories de retour, expulsion, installation ou circulation alors que les trajectoires migratoires sont de plus en plus heurtées, faites de retour en arrière, d’attente dans un contexte de mise en place et de durcissement des politiques migratoires de l’Afrique de l’Ouest à  la Méditerranée. Dans ce cadre le Niger apparaît comme un espace-clé, à  la fois espace de départ, de passage et de retour.

” Faire fada “, passer le temps ou construire un espace de contestation et de rêve ? Initialement envisagé comme une recherche sur les imaginaires de la migration, ces travaux sur des groupes d’affinité de jeunes à  Niamey, se sont orientés vers un questionnement sur les hiérarchies sociales et familiales et les rapports de domination. Dans un contexte où l’âge et la position sociale structurent les rapports sociaux, les jeunes hommes notamment, développement des stratégies d’évitement, de contournement de la hiérarchie, sans pour autant mettre en cause les logiques de domination. A terme, la dimension genre sera intégrée à  la réflexion, les jeunes femmes ayant un accès différencié à  l’espace public.

” Ouaga 2009 : Peuplement de Ouagadougou et développement urbain “ (SCAC-Ambassade de France au Burkina Faso, ANR MOBOUA, 2008-2011). Conduite conjointement avec des démographes, cette recherche avait pour objectif de construire un corpus de données sur les mobilités spatiales dans la ville de Ouagadougou à  toutes les échelles spatiales (migrations internes et internationales, pratiques urbaines…) et temporelles (à  l’échelle de la journée, l’année, biographie). Parallèlement des travaux qualitatifs ont été menés sur les retours de Côte d’Ivoire, notamment dans une perspective intergénérationnelle.

” Niamey 2010 “ (ANR MOBOUA, 2008-2011). Dans une perspective comparative, le même corpus de données qu’à  Ouagadougou a été produit à  Niamey. L’objectif était de comprendre les dynamiques de ces deux capitales sahéliennes, dont le peuplement reste fortement marqué par les migrations internes et internationales. Le corpus de données qualitatives produit sur la ville de Niamey concerne plus particulièrement les stratégies familiales, la construction des réseaux sociaux que ce soit pour l’accès au travail, au logement ou à  la mobilité.

” Le Niger, espace d’émigration et de transit vers le Sud et le Nord du Sahara. Rôle et comportement des acteurs, recompositions socio-spatiales et transformations socio-économiques “ (FSP n 2003/74, 2005-2009). Dans le cadre de ce projet, les travaux ont porté plus particulièrement sur l’une des principales régions de départ du Niger, la région de Tahoua ; ont été interrogé les liens entre migrations internationales et pauvreté, au travers de l’analyse des projets migratoires, des logiques de retours, des transferts et des formes d’investissement de ces derniers. Le rôle de Niamey, comme espace-relais et espace de retour dans le système migratoire régional a également été observé.

Références bibliographiques :

2018
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Boyer F. ” Migration et dégradation des terres : un lien non évident “, Revue Energie-Francophonie, 2017, n 105

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2015
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Boyer F, Guénard C. (coord.), 2014, Les jeunes du Sud face à  l’emploi, Autrepart (71), 222 p.
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Boyer F., 2010, ” Croissance urbaine, statut migratoire et choix résidentiels des ouagalais : vers une insertion urbaine ségrégée ? “, Revue Tiers Monde (201), pp. 47-64.

2009
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Boyer F., 2009, ” Morphologie urbaine : un mouvement sans fin d’extension spatiale ? “, In : Boyer F., Delaunay D. (eds). Ouaga. 2009. Peuplement de Ouagadougou et développement urbain : rapport provisoire, Paris : IRD ; Université Paris 1, pp. 31-40, multigr.
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Boyer F., Mounkaila H., 2009, Le Niger, espace d’émigration et de transit vers le Sud et le Nord du Sahara. Rôles et comportements des acteurs, recompositions spatiales et transformations socio-économiques. Document méthodologique Université Abdou Moumouni, Niamey, 183 p., multigr.

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Boyer F., 2007, ” Les frontières dans le monde nomade : du pastoralisme aux migrations temporaires “, In Bouquet, C. & Velasco-Graciet, H., Regards géopolitiques sur les frontières. Actes du colloque ” Frontière, Frontières… “. Paris, L’Harmattan, pp. 191-204.

2005
Boyer F., 2005, ” L’esclavage chez les Touaregs de Bankilaré au miroir des migrations circulaires “, Cahiers d’études africaines, XLV(3-4), pp. 771-803
Boyer F., 2005, ” Le projet migratoire des migrants touaregs de la zone de Bankilaré : la pauvreté désavouée “, Special Issue on African Migrations, Historical Perspectives and Contemporary Dynamics, Stichproben Vienna Journal of African Studies (8), pp. 47-67

2004
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2003
Boyer F., 2003, ” L’enfermement du voyage : construire les frontières pour passer la frontière. Exemple des migrations temporaires de la zone de Bankilaré vers Abidjan “, Les Cahiers d’Outre-mer, (222), pp. :229-253
Boyer F., 2003, ” Enoncer la formation socio-spatiale : territorialité passagère, spatialité nomade. Le cas des migrations touarègues de la zone de Bankilaré (Niger) “. In Buléon P. et Di Méo G. (eds), L’espace social. Lecture géographique des sociétés, Paris : Armand Colin, pp. 256-276.