Colloque « Migrations humaines et circulations des ressources. La santé en temps de mondialisation »

Le colloque se tiendra à  l’amphi 046. Le nombre de places étant limité, l’inscription – GRATUITE- en ligne est obligatoire sur : http://french.jotform.com/form/91905752215

 Plan d’accès

Programme colloqueProgramme (cf. également ci-dessous)

Ce colloque vise à  explorer les articulations entre les questions de santé et les processus ayant trait aux migrations, aux circulations et à  la constitution de minorités ethniques/raciales se développant dans le contexte de la mondialisation. Deux thématiques seront plus particulièrement considérées en vue de structurer les réflexions en prenant appui sur les travaux en cours. D’une part, il s’agira de porter attention aux mouvements eux-mêmes, d’abord du point de vue des situations sanitaires marquant les parcours migratoires, puis en considérant la diversité des sens et modalités de circulation des objets, pratiques et professionnels de santé. D’autre part, seront interrogés les processus qui sous-tendent les inégalités sociales de santé et les discriminations, qu’il s’agisse d’accès aux soins ou de différences de traitement dans les parcours thérapeutiques. Ces interrogations prenant ancrage dans des contextes différenciés d’un monde travaillé à  la fois par des processus de globalisation, d’une mise en exergue de la ‘iversité » et par une cristallisation nouvelle de sa dualité Nord-Sud- les écarts socio-économiques s’incarnant notamment dans les inégalités en santé.

Le colloque s’organise sous trois axes :

 I. Parcours migratoires, origines et situations de santé

 II. Circulation des professionnels, des savoirs et des pratiques de santé

 III. Conceptualiser les inégalités sociales en santé au Nord et au Sud

Axe 1. Parcours migratoires, origines et situations de santé

La santé publique, comme l’opinion publique, se départissent mal d’une vision de l’immigrant importateur de ses problèmes de santé et, le cas échéant, de maladies ; soit une vision qui tantôt se conjugue à  la figure de l’irresponsable (sur le registre de ses incapacités culturelles à  prendre soin de soi et des siens), tantôt l’assimile à  celle du profiteur des services offerts « ici » (sur le registre de ses « aptitudes » opportunistes). Ces représentations de l’Autre dépassent d’ailleurs celles de l’immigrant stricto sensu pour s’étendre souvent à  ses descendants catégorisés comme autant de minorités ethnicisées et/ou racialisées. Nous souhaitons éclairer ces rapports par l’analyse des effets mêmes des conditions sociales, juridiques et économiques des hommes et femmes migrants ou enfants de migrants sur leur santé comme sur les systèmes de limitations et de ressources qui participent à  déterminer leurs relations aux institutions et aux professionnels socio-sanitaires.

Dans ce cadre, le parcours migratoire est appréhendé comme un continuum amorcé dans un projet de départ, se poursuivant au fil des conditions (opportunités et contraintes) pour mettre ce projet en oeuvre et s’échelonnant au-delà  de l’arrivée en tant que telle pour intégrer l’ensemble du processus de (ré)apprentissage du nouveau monde social et d’aménagement d’un modus vivendi. Il s’agit dès lors de considérer les articulations entre situations de santé-entendues au sens d’états de santé mais aussi, plus largement, du point de vue des rapports matériels et identitaires, contraints ou négociés, aux problèmes et aux politiques sanitaires qui régulent le champ de l’intervention-, migrants et minoritaires comme épousant des configurations évolutives tout en rendant compte de leur inscription dans un contexte marqué par la rigidification des politiques de contrôle migratoire, l’intensification et la transformation des circulations internationales.

Axe 2. Circulation des professionnels, des savoirs et des pratiques de santé

Quelle que soit la façon de nommer le problème et quels que soient les modes d’intervention mis en oeuvre à  cet égard en matière de santé publique, la santé des populations (im)migrantes s’impose d’emblée lorsque l’on évoque la thématique « migrations et santé ». D’autres aspects, en particulier les migrations de professionnels de santé plus ou moins qualifiés et les circulations de savoirs, de pratiques et d’objets en matière de soins, sont moins présents dans l’opinion publique en dépit de l’ampleur de tels phénomènes. Nous nous proposons ici de les appréhender dans leur pluralité, notamment dans leurs dimensions tant Nord-Sud que Sud-Nord, sans s’interdire de penser aussi les circulations entre l’Est et l’Ouest du continent européen. Dans cet axe, nous voulons interroger cette double circulation, dans ses sens propres et figurés, les enjeux qu’elle recèle et les questions tant éthiques, politiques qu’économiques qu’elle ne manque pas de poser.

Au travers d’exemples empiriques, nous voudrions cerner quelle est la nature des biens qui circulent- des savoirs faire, des compétences, de la force de travail, des objets divers (nouveaux traitements, nouveaux virus …)- et le sens qu’ils prennent entre le Nord et le Sud ? Quelles ressources sont convoitées ? Quels types de mobilités sont générés (professionnelles, sociales, individuelles, familiales…) et quels territoires sont mobilisés (internationaux, nationaux, locaux) ? Parallèlement, nous devons chercher à  savoir si cette circulation des individus et des objets produit des effets sur l’organisation des systèmes de santé, sur le rapport de l’offre et de la demande, sur les conceptions de la santé et de la maladie, sur les pratiques quotidiennes de soins. La circulation offre-t-elle des perspectives de créations novatrices ou impose-t-elle des modèles normatifs ? Que faire des contraintes organisationnelles quand onoeuvre pour le compte d’une ONG du Nord, d’une organisation sanitaire publique ou d’une entreprise privée qui officie au Sud? Autrement dit, au-delà  de la nature des objets et des individus qui circulent, qu’est-ce qui s’échange réellement au bout du compte ?

Axe 3. Conceptualiser les inégalités sociales en santé au Nord et au Sud

Le droit à  la santé pour toutes et tous est régulièrement invoqué comme un principe universel par les organisations internationales- en premier lieu par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Les études consacrées à  la santé ne cessent pourtant de souligner l’existence d’inégalités, tantôt massives, tantôt plus discrètes, dans l’accès aux soins entendu au sens large (à  la fois en termes d’accès aux structures de santé et du point de vue des modalités de traitement). A cet égard, rappelons que la pandémie mondiale de sida n’a pas seulement réactivé les peurs anciennes de la contagion. Elle a été un puissant révélateur des fractures sociales comme de la dualité du monde globalisé, tout particulièrement en matière d’accès aux traitements entre les pays du Nord (dits développés) et les pays du Sud (dits en développement). Portée d’abord par des ONG, parmi lesquelles des organisations de malades, et relayée par diverses institutions et certains États, la revendication d’un accès généralisé aux traitements antirétroviraux est porteuse de questionnements plus larges aussi bien sur les présupposés et attendus des politiques sanitaires globales (préventives et curatives) que sur l’universalité de l’éthique médicale elle-même.

Cette mise en exergue de « l’écart » entre les pays du Nord et de Sud du globe est aussi l’occasion de porter attention aux façons dont les inégalités sociales en santé se présentent et sont conçues dans des contextes différenciés où les rapports au droit à  la santé et les rapports de l’État à  la santé ne se posent pas dans les mêmes termes. D’un côté, dans les pays du Nord et notamment en France, l’approche des ‘iscriminations » en matière de santé doit à  l’évidence s’extraire des seules références au droit. D’un autre côté, dans les pays du Sud, principalement ici en Afrique, les analyses en termes de ‘ysfonctionnements » des systèmes de santé publique ne peuvent que s’enrichir d’un questionnement plus précisément socio-politique. Les communications proposées dans cet axe seront donc l’occasion de poser au cœur du débat la conceptualisation même des inégalités sociales en santé. En portant attention à  la description des inégalités en oeuvre et en explicitant leurs contextes à  partir d’études empiriques, il s’agira de questionner les façons d’appréhender le champ de ces inégalités, le choix des concepts pour en parler et peut-être aussi d’expliciter les sélections opérées par les chercheur-e-s dans leurs études.

Composition du Comité d’organisation :

 Cognet Marguerite, Enseignante Chercheure, UFR de Sciences sociales, Paris7

 Delaunay Karine, Chercheure IRD

 Lainé Agnès, Chercheure associée à  l’IRD

 Adam Emilie, Doctorante, UFR de Sciences sociales, Paris7

 Sauvegrain Priscille, Doctorante, UFR de Sciences sociales, Paris7

 Braud Rosane, Doctorante, UFR de Sciences sociales, Paris7

 Gabarro Céline, Doctorante, UFR de Sciences sociales, Paris7

 Bascougnano Sandra, Doctorante, UFR de Sciences sociales, Paris7

 Awondo Patrick, Doctorant EHESS


Composition du Comité Scientifique :


 Cognet Marguerite, Enseignante Chercheure, UFR de Sciences sociales, Paris7

 Cunin Elisabeth, Chargée de recherche IRD

 De Rudder Véronique, Chargée de recherche CNRS

 Delaunay Karine, Chercheure IRD

 Eboko Fred, Chercheur IRD

 Lainé Agnès, Chercheure associée à  l’IRD, Centre d’études des mondes africains (CEMAf)

 Médard Claire, Chargée de recherche IRD

 Puig Nicolas, Chargé de recherche IRD

 Quiminal Catherine, Professeure émérite Paris 7 Diderot

 Streiff-Fénart Jocelyne, Directrice de recherche au CNRS, Directrice du laboratoire URMIS

 Vidal Denis, Directeur de recherche IRD

 Vidal Dominique, Professeur Paris 7 Diderot


Programme

Jeudi 24 septembre 2009

THEME 1 : PARCOURS MIGRATOIRES, ORIGINES ET SITUATIONS DE SANTE

 8h30-8h45 : Accueil

  8h45- 9h15 : Allocution de bienvenue et Introduction au colloque

  • Jocelyne Streiff-Fénart, Directrice du laboratoire URMIS
  • Karine Delaunay, Chargée de recherche IRD
  • Marguerite Cognet, Maître de conférences Paris 7 Diderot

Session 1 : Maladies et Migrations

Présidence : Maryvonne Charmillot (Université de Genève)

Discutantes : Catherine Quiminal (Université de Paris Diderot), Marie-Josée Jolivet (EHESS)

  9h15-9h35 : Carolina De Rosis (CEAf, EHESS), ” Femmes vivant avec le VIH et parcours migratoires internes entre zone rurale et zone urbaine à  Gondar (Région Amhara, Ethiopie)

  9h35-9h55 : Emilie Adam (URMIS, Paris 7 Diderot), ” Femmes malades, femmes en mouvement. Le cas des migrantes africaines à  Paris (France) et à  Montréal (Canada) atteintes du VIH-SIDA

  9h55-10h15 : Patrick Awondo (EHESS-LAS, IRD, Laboratoire d’Anthropologie Sociale), ” Les contextes de la discrimination des « Men who have sex with Men » (MSM) Camerounais et le renforcement des facteurs de migration

  10h15-10h50 : Période de question

  10h50-11h10: Pause café

Session 2 : Accès aux soins

Présidence : Véronique de Rudder (CNRS)

Discutants : Pascal Revault (COMEDE), Alain Morice (CNRS)

  11h10-11h30 : Estelle Carde (LISST-CERS, CNRS), ” Les discriminations selon l’origine dans l’accès aux soins

  11h30-11h50 : Céline Gabarro (URMIS, Paris 7 Diderot), ” Instruction des demandes d’Aide Médicale de l’État : comment les pratiques managériales et administratives de l’Assurance maladie accroissent les difficultés d’obtention de cette prestation

 11h50-12h30 : Période de question

 12h30-14h30 : Repas libre

Session 3 : Les migrants et la clinique

Présidence : Christian Poiret (Université de Paris Diderot)

Discutants : Faiza Guélamine (Observatoire de l’Action sociale), Véronique De Rudder (CNRS), Christian Poiret (Université de Paris Diderot)

  14h30-14h50 : Sandrine Musso (CEAf, CReCSS), ” Etre régularisé au titre de la maladie : ethnographie des enjeux et significations plurielles de la reconnaissance du corps souffrant

  14h50-15h10 : Marie Lesclingand (URMIS, Nice Sophia-Antipolis) et Armelle Andro (INED, Paris 1), ” Excision et réparation : les facteurs sociaux du recours à  la chirurgie réparatrice

  15h10-15h30: Pause café

  15h30-15h50 : Priscille Sauvegrain (URMIS, Paris 7 Diderot), ” Des « Femmes Africaines » à  la « Mère Africaine »: trajectoires dans les maternités publiques franciliennes

  15h50-16h10 : Sandra Bascougnano (URMIS, Paris 7 Diderot), ” Appréhender les mécanismes du traitement ethniquement différencié en santé. Etude comparative de la prise en charge hospitalière du VIH-sida en Ile-de-France et à  la Réunion

 16h10-17h00 : Période de question

  17h00-18h30 : Projection du film documentaire ” A Miner’s Tale/Conte d’un mineur “ (2001, Afrique du Sud, 40’) réalisé par Nic Hofmeyr et Gabriel Mondlane

  Débat animé par Maryvonne Charmillot (Maître d’enseignement et de recherche, Université de Genève), avec la participation (sous réserve) de Pascal Dibie (Maître de conférences Paris 7 Diderot) et Denis Vidal (Directeur de recherche IRD)


Vendredi 25 septembre 2009

THEME 2 : CIRCULATION DES PROFESSIONNELS, DES SAVOIRS ET DES PRATIQUES DE SANTE

  8h30-9h00 : Accueil café

Session 1 : Circulation Sud- Nord

Présidence : Maryse Tripier (URMIS)

Discutants : Dominique Vidal (Université de Paris Diderot), Maryse Tripier (URMIS)

  9h00-9h20 : Marguerite Cognet et Sara Tomei, (URMIS, Paris 7 Diderot), ” Quand la politique d’immigration choisit des femmes : balai ou gant de toilette ?

  9h20-9h40 : Asuncion Fresnoza-Flot (URMIS), ” Les migrantes Philippines en France : mère ou nourrice, l’obligation de choisir ?

  9h40-10h00 : Christelle Hounsou (URMIS, Paris 7 Diderot), ” Migrations internationales des professionnels de la santé. Une analyse de la figure du ” médecin béninois “ dans le contexte français d’ « immigration choisie »

 10h00-10h30 : Période de question

 10h30-10h50 : Pause café

Session 2 : Circulation Nord- Sud

Présidence : Isabelle Feroni (INSERM)

Discutants : Denis Vidal (IRD), Isabelle Feroni (INSERM)

  10h50-11h10 : Fatoumata Hane (IRD, INSERM, Dakar), ” Conditions de production des savoirs et pratiques autour du VIH. Le rôle des ONG dans la construction de l’expertise médicale au Sénégal

  11h10-11h30 : Christophe Broqua (SE4S, IRD Paris), ” L’émergence de la question homosexuelle au sein des mobilisations associatives liées au sida en Afrique

  11h30-11h50 : Agnès Lainé (CEMAf CNRS), ” La stigmatisation sociale des femmes. Circulations et circularités des représentations au sujet des populations à  risque de drépanocytose

 11h50-12h30 : Période de question

 12h30-14h30: Repas libre


THEME 3 : CONCEPTUALISER LES INEGALITES D’ACCES AUX SOINS AU NORD ET AU SUD

Présidence : Doris Bonnet (IRD Paris)

Discutants : Mahamet Timera (Université de Paris Diderot), Augustin Gilloire (URMIS), Michele Maietta (Sidaction)

  14h30-14h50 : Karine Delaunay (IRD, URMIS), ” Penser les inégalités en situation de développement. Le cas de la prise en charge de la tuberculose au Sénégal au tournant de l’indépendance (c1950-1970)

  14h50-15h10 : Guillaume Lachenal (SPHERE, Université Paris Diderot), ” Histoire longue des circulations de médecins en Afrique. Réflexions autour du cas camerounais

 15h10-15h30: Pause café

  15h30-15h50 : Fred Eboko (IRD, Bordeaux), ” Accès aux ARV, décentralisation, mobilité et ” stigmatisation “ au Cameroun

  15h50-16h10 : Annette Leclerc (INSERM Paris), Monique Kaminski (INSERM, Villejuif), Thierry Lang (INSERM, Toulouse)” Les inégalités sociales en santé, au Nord et au Sud

  16h10-16h30 : Marguerite Cognet, Emilie Adam, Sandra Bascougnano et Rosane Braud, (URMIS, Paris 7 Diderot) ” Des inégalités de santé aux inégalités de traitement dans les soins. Le recours à  la notion d’observance au Nord

 16h30-16h50 : Période de question

  16h50 : Synthèse et conclusion

  • Dominique Vidal, Professeur Paris 7 Diderot
  • Mireille Eberhard, Chercheure INED
  • Rosane Braud, Doctorante URMIS, Paris 7 Diderot
  • Céline Gabarro, Doctorante URMIS, Paris 7 Diderot
  • Priscille Sauvegrain, Doctorante URMIS, Paris 7 Diderot
  • Karine Delaunay, Chargée de recherche IRD Paris
  • Marguerite Cognet, Maitre de conférences Paris 7 Diderot

Ce colloque est organisé par l’Urmis, avec l’aide de la Mission de la Recherche (MiRe), dépendant de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES).

Pour tout renseignement : marguerite.cognet@univ-paris-diderot.fr, karine.delaunay@ird.fr